dimanche 20 novembre 2011

On the concert trail : Sharon Corr

Je voulais voir les Corrs de près

dans une petite salle à l'acoustique impeccable

Et pouvoir enfin me comporter en fan hystérique et rougissante

succès complet !

Jim Corr en invité surprise pour une reprise endiablée de Joy of life, que de souvenirs !

Dernier salut

Sharon Corr en pleine session d'autographes

Je découvre mes photos post-concert toute émerveillée, au même titre que d'avoir quatorze ans après avoir entendu pour la première fois Only when I sleep pu enfin rencontrer une des figures qui ont façonné mon imaginaire, mes années d'adolescence, moments de joie et de spleen comme dirait ta voisine de droite, mon tropisme irlandais...

Merci Olivia d'avoir été là du début à la fin et pour avoir le doigt magique sur l'appareil !

Vivement une prochaine fois !

Ps : Mna Na H'eireann une tentation en souvenir du bon vieux temps

samedi 19 novembre 2011

On the concert trail : Agnes Obel

Puisque cette fin d'année s'annonce être un tourbillon de scènes (boulimie pour compenser peut-être le scepticisme que m'inspirent les prochaines semaines que je sens compliquées), autant rendre hommage à celle qui a fourni un bon échauffement avant que d'autres mondanités en effacent le souvenir.

Quelques mots donc sur Agnes Obel, qui clôturait le concert des Inrocks du 2 novembre dernier au Casino de Paris.

Une expérience à plus d'un titre : nouvelle artiste, nouvelle salle.

Si je me suis jetée comme une enragée sur les billets lorsqu'ils ont été mis en vente il y a cinq mois, c'était surtout par frustration de n'avoir pas pu aller voir cette chanteuse-pianiste aux Bouffes du Nord à l'hiver dernier. En effet, je n'avais pas la moindre idée de qui était Agnes Obel jusqu'à ce qu'elle soit la star du Live du Figaro... Quand j'ai cliqué sur ces vidéos pour m'offrir une jolie bande-son à ma permanence filaire, je ne m'attendais pas à être ravie par ce piano et cette voix mélancoliques à souhait. Dont les notes coulent comme de l'eau froide sur les pierres d'une grise journée d'hiver (ce qui fait que le titre le plus connu Riverside est très aptement nommé) sans pour autant briser le coeur comme les chansons d'Adele que j'adore mais qui donne très envie d'aller se défenestrer au plus vite tellement l'émotion est bouillante et douloureuse.

Charmée par cette rencontre initiale (avec Agnes Obel, fin de l'aparté adelesque), j'ai accouru sur Deezer pour écouter l'album de cette délicate Danoise qui a vécu à Berlin. Arrivée au but, j'ai été un peu décontenancée... des chansons cristallines avec une orchestration minimales : piano, un peu de cordes. Un accompagnement minimaliste et quelques parenthèses instrumentales, parfait écrin d'une maestria sur les touches et d'une voix maîtrisée. Tout ne m'a pas convaincue mais j'ai été soufflées par Riverside, Avenue, On powdered ground, close wath et wallflower. Par contre Just so, popularisée par une pub de voiture, m'a agacée.

Toute cette simplicité suggérait un énorme potentiel pour un agréable concert en acoustique, d'où ma détermination à aller tenter l'expérience au plus vite. Quand la possibilité Inrocks s'est présentée, j'ai donc surmonté sans trop mes réticences que constituait la litanie d'artistes invités dans laquelle Agnes Obel était perdue. Car avant de pouvoir s'en délecter les oreilles, il allait falloir affronter Baltazar, Other lives et Florent Marchet, soit une soirée marathon de quatre heures.

Pour passer le temps fut décider avec ma coéquipière du jour de passer en bons Parisiens le 1e acte au zinc du Casino de Paris... L'acoustique de Balatazar était excellente et les mélopées pas désagréables donc rassurées on s'est dit qu'on allait rejoindre nos places pour Other lives, où ce fut la grosse déception. Dommage d'avoir autant de musiciens et d'instruments sur scène pour livrer une grosse soupe où les plages de synthétiseur cannibalisent tout le reste. Heureusement, chaque artiste étant alloué 45 minutes de gloire, l'ennui fut de courte durée. Et vite oublié face à l'enthousiasme débordant de Florent Marchet. Que je ne connais absolument pas mais qui apparemment est en train de se faire un nom. Ses paroles sont distrayantes, même si la musique n'est pas du toute ma tasse de thé et que le coté clone de Mika de Florent Marchet m'a beaucoup distrait. Ceci dit, après le mutisme d'Other lives, la bonne humeur du jeune homme qui interagissait énormément avec la salle était communicative et qu'en prime il nous a même fait un duo avec Gaétan Roussel. Le souci de toutes ses blagues avec le public fut le dépassement horaire -1h10- qui a d'autant raccourci la prestation d'Agnes Obel.
Celle-ci est montée sur scène avec deux gages de qualité : un violoncelle et une harpe (inattendue). Et il a suffi que le noir se fasse dans la salle pour que l'ambiance rock des heures précédentes cède la place au recueillement que l'on trouve dans les concerts de musique classique. L'acoustique était fantastique : le piano translucide, le violoncelle vibrant et la harpe égrenant inquietamment sa note. Pour preuve, même mes vidéos basse résolution ne sont pas détestables !
Pour nous mettre en appétit un instrumental et Beast que j'ai écouté avec une oreille attentive et nouvelle. Quelques mots d'introduction un peu timide, encore plus embarrassés quand pour la première fois un spectateur un peu lourd a hurlé à la cantonade "Riverside", occurrence qui se répétera. De mon côté je ne tenais qu'à deux morceaux en particulier : Riverside et Avenue. Le reste m'importait peu tant la maestria d'Agnes Obel au piano était hypnotique et reposant. De la beauté et du vide dans la tête pour une longue ballade intérieur le long des sentiers de la mémoires et des émotions rugueuses, un monde où les mots importent peu finalement. Je ne pourrai donc pas commenter avec précisionet odre la setlist intégrale mais pour une fois je ne prétendrai pas à l'exhaustivité : Over the hill, smoke and mirrors (qu'il me faut redécouvrir d'urgence), close watch, riverside... mais le clou et la révélation du soir fut étonnamment On powdered ground.
La chanson est celle qui a le plus bénéficiée des improvisations concert : rallongée de trois minutes avec une époustoufflante course finale entre le paino, le violoncelle et la harpe en arbitre. Au début de sa tournée, Agnes Obel n'était qu'en duo avec sa violoncelle mais la harpe est une addition qui donne au titre une atmosphère encore plus mystique et crépusculaire. Un délice qui prend à la gorge et fait vibrer douloureusement au chuintement si humain de l'archet.
La fin de ce moment de bravoure fut d'autant plus abrupte qu'AgnesAgnes obel réapparaît et entame une version accélérée de Just so qu'elle n'aura même pas le temps d'achever, l'interrompant littéralement au milieu d'un couplet toute désolée.
Malgré cette conclusion à la hussarde et le peu de temps de scène dont Agnes Obel disposait après les fantaisies de M. Marchet, je suis ressortie de cette soirée épique ravie tant la qualité était au rendez-vous. En espérant que si prochaine fois il y a, elle soit définitivement plus longue et sans prologue rock.

mercredi 16 novembre 2011

Gazette des potins : édition spéciale Irlande

En l'honneur de tous les curieux qui viennent ici quand ils recherchent des images du mariage de la demoiselle ou des nouvelles de son statut conjugal, je ne pouvais pas rester muette sur le grand événement people de la semaine...

(en attendant de savoir si oui ou non, question existentielle, Kate Middleton attend des jumeaux, triplés, quadruplés (sic), chaque tabloid ayant sa propre estimation exclusive sur le sujet)

Andrea Corr est enceinte (on passera sur l'inspiration du titre de cet article ahem) et devrait devenir maman au printemps.

Donc la version Corr 2.0 version 2025 est enfin assurée puisque ce charmant bambin va rejoindre six cousins et cousines.

Par conséquent aucune chance de revoir la miss monter sur scène ou s'embarquer dans une tournée européenne prochainement (dommage) et je suis plus que contente d'avoir eu la possibilité de l'admirer en Jane Eyre en décembre dernier.

Petite déception compensée par le fait que si tout va bien, j'aurai quand même demain une petite madeleine de Proust de mes concerts corrsiens : Sharon joue demain à l'Alhambra, en compagnie de Jim.

Sans oublier que cerise sur le gateau, Snow Patrol a annoncé sa venue en mars et que de décrocher un billet était quand même beaucoup moins compliqué et retors que Coldplay.

Bref après un début d'année discret dominé par la bonne surprise Mélanie Laurent, 2011 n'aura finalement rien à envier au cru concerts de 2010 : U2, Muse, Snow Patrol...

dimanche 6 novembre 2011

L'énigme - la paparazzade du jour

Celui qui ose dire que le XIIIe n'est pas branché, qu'on lui coupe la tête.

Après Mélanie Laurent, Vincent Elbaz à la terasse du Lili et Marcel, et avant M.F. fin novembre au MK2 si tout va bien (Colin on n'attend que toi!), le pont de Bercy a les honneurs d'un mystérieux chanteur pour son vidéo clip...

C'était assez déroutant de l'observer pendant une heure et demi gratter sa guitare en chemise et gilet, le ton sans le son (en play back) et dans un petit vent assez froid. Entouré de ces mystérieux mannequins très conceptuels. Faire une prise demande, ça se confirme, beaucoup de temps.
Malgré mon zoom qui a réussi à immortaliser le clap, il me manque un renseignement crucial pour rassasier ma curiosité : l'identité de ce mystérieux artiste. En attendant de mener l'enquête sur le terrain, je m'en remets à la sagacité collective, si jamais vos yeux de lynx savent de qui il s'agit !

EDIT : d'après un des cadreurs, notre artiste est David Dal-Santo.  Dès que le clip sera mis en ligne, j'irai y jeter un coup d'oeil. L'idée derrière les mannequins est apparemment de montrer un artiste sur le déclin, à la recherche de son public. Affaire à suivre.

jeudi 3 novembre 2011

Perfection

Telle qu'expérimentée hier en fin de soirée au casino de Paris.

En attendant (maybe) une analyse plus personnelle du concert d'Agnès Obel, voici le clou du spectacle : une version longue de "On powdered ground". Sur le CD la chanson est plaisante mais moins atmosphérique qu'"Avenue" ou "Riverside". Sur scène, servie par un arrangement modeste piano+harpe+violoncelle, elle prend son envol et devient un petit morceau de bravoure, particulièrement lorsque le piano et le violoncelle font la course en fin, sous la discrète surveillance de la harpe.

Je n'ai pas encore regardé si les vidéos de basse définition que j'ai prises sont exploitable mais cet extrait filmé en septembre dernier s'approche de la belle traversée d'hier.


Après c'est sûr, Agnès Obel invite plus à la mélancolie et à la nostalgique qu'à la jig exubérante mais parfois l'âme a aussi besoin de ça. De se souvenir.

mercredi 2 novembre 2011

To burn the candle at both ends

Puisque Mr Abraham fait son retour outre-manche, pourquoi pas moi ? Maintenant que le tintamarre de la rentrée est devenu un peu plus harmonieux et ordonné en terme de conditionnels, mes doigts me picotent à nouveau  même si l'accroche et l'angle percutants manquent encore...
Octobre fut muet, par nécessité de retenir et reprendre son souffle, mais nullement monotone. Le divin enfant (alias Giula) est enfin arrivée, fournissant un bon prétexte en sujets distrayants, grâce à la Grèce et Kadhafi ce fut pratiquement la fin du monde tous les jours (c)...

Double dose de matinales et un doigt de soirées pour donner l'impression de vivre en permanence aux antipodes.

Une fréquentation assidue des planches, celles inopinées de Bercy pour écouter roucouler le beau Gorge M ayant revêtu ses habits de crooner chanteur de berceuses, celles délocalisées de la comédie française au 104 pour une énergique version du jeu de l'amour et du hasard, celles rétro et résolument comiques du théâtre St Martin pour le Songe d'une nuit d'été où les têtes d'affiches, Mélanie Doutey et Lorant Deutsch, se sont plutôt fait voler la vedette par les seconds rôles, Héléna et Bottom, et celles encore mystérieuses du casino de Paris ce soir pour savoir si Agnès Obel est aussi charmante en vrai que sur Deezer.

Les lieux de tentation habituels du week-end, le redoutable triangle des Bermudes St-Germain /Rue des Francs-Bourgeois, alors que je ferais d'aller lécher les vitrines d'Ikéa. Les arpents du VIIe arrondissement, les dégustations de nans au dîner ou les conspirations rue Pernety.

Les retrouvailles étonnamment agréables avec Sarah Michelle Gellar dans Ringer. La série a beaucoup de défauts mais se laisse dévorer comme le Baci du soir, c'est distrayant tellement c'est peu crédible. Gossip Girl rencontre la Vengeance aux deux visages. Je ne suis pas convaincue que SMG ait fait beaucoup de progrès en tant qu'actrice et son âge commence à rendre ses minauderies agaçantes mais l'intrigue ouvre suffisamment de tiroirs pour tenir en haleine. Les personnages secondaires sont très inégaux pour un solide Nestor Carbonnel et Ioan Groffuld, qui doit mettre des sous de côtés pour sa retraite, le couple Henry et Gemma donne des envies de meurtre. Ceci dit, je vois mal Ringer tenir plus d'une saison. Bonus, entendre parler SMG plus ou moins bien français dans un Paris recréé de toutes pièces en Californie sur fond de Bénabar (j'attends un jour que les responsables musicaux de la CW nous ressortent un classique de Carlita pour faire authentique comme 500 Days of summer). J'ai bien envie aussi de me mettre à Once Upon A Time et de continuer ma petite virée de l'été avec Bones.

Toute bonne notion du temps devient donc impossible...

mardi 27 septembre 2011

Merci blogger

Découvrir, suite à une manipulation inconnue, que mon blog est revenue à une mise en page basique et se demander comment rebâtir l'ancienne : check.

Bon ben maintenant je sais comment occuper mon week-end.

Merci Google de vouloir trop innover.

EDIT : Je galère un peu à retrouver mes marques mais au moins cet imprévu va me forcer à moderniser un peu la structure du blog. Ce raccommodage tiendra faute de mieux. Je ne pense pas refaire toutes les rubriques. Il faut juste que je replace deezer et le cinéma. Vu la galère qu'avaient été les petites vignettes photos, je ne pense pas les ressusciter.

Je suis preneuse de tous les conseils d'aménagement et de liens si j'ai oublié qqn dans ma liste.

lundi 26 septembre 2011

Les promesses de l'aube

Le future est toujours incertain -c'est son essence même- mais en attendant que le grand manitou décide de m'offrir un été indien ou au contraire une bonne cure de désenchantements, je peux au moins compter sur un 20 novembre prometteur. C'est déjà ça au milieu de tant de mirages.




mercredi 24 août 2011

Voyage dans le passé

Where has the summer gone ? Août nous quitte et laisse de son passage la marque de ses délicats escarpins dans la poussière qui recouvre, à l'image de mon écran, ce blog. Juillet commençant, je me voyais plein de projets pour ce petit bonhomme et puis le parfum des soirées et promenades d'été, une lettre fleuve, un certain d'esprit isolationniste, le 7e art, les permanences et la nécessité de commencer à s'atteler au grand projet de cet automne m'ont happée.

Le 14 juillet a été placé sous le signe d'un grand ménage dans les papiers de famille d'un cousin éloigné. Ces valises de carton regorgeait de moutons et de trésors. Tickets de métro d'il y a 50 ans, GIC en métal, vieilles coupures de presse, photos de famille de ces grands-parents jeunes et éclatants de beauté, spontanés et un peu frivoles, des mots d'enfant émouvants remplacés par la colère d'un adulte, un arbre généalogique complètement oublié et pourtant fiévreusement documenté par des albums chroniquant les années 1870-1930, une correspondance à une dizaine de plumes couvrant plus de 150 ans. Un ensemble d'objets qui permettent de retracer une histoire qui devrait nous être familière mais que nous ne connaissons pas car les familles taisent leurs déchirures. La transmission se fait avant tout par oral et quand tous les acteurs d'une époque s'éteignent, leurs mérites et exploits retombent dans l'oubli.



L'émotion est puissante quand au détour d'une chemise, on tombe sur des faire-parts immaculés vieux de 80 ans, dont a l'impression qu'ils n'ont jamais été effleurés depuis des décennies. Leur pureté et leur nouveauté renvoient aux aspirations, aux espoirs de leurs auteurs. En deux piles de papier ce sont des pans entier d'une vie qui défile. Et même insignifiante, à travers les lignes on devine l'Histoire qui s'écrit sous leurs mots. Quand les destins particuliers se tissent avec la fatalité des nations. La passion pour le pacifisme de l'entre deux guerre, la colonisation, la guerre, la déroute, l'occupation, l'épuration... On découvre aussi un nouveau visage à ses aïeux : celui de l'enfance, des aspirations, l'élan de la jeunesse et de l'innocence. Relire des lettres de ma grand-mère à l'aube de ses 16 ans me fait réaliser à quel point je ne la connaissais pas et combien anecdotes familiales, elle a emporté avec elle. Un passé perdu à reconstituer, et pourtant si proche.

Tous ses objets, devenus délicieusement obsolètes, soulignent aussi en 150 ans les révolutions connues par le monde. Des télégrammes de la Grande guerre, les voyages aux Etats-Unis par paquebot, une correspondance à la plume acérée et minuscule, des laissez-passer diplomatiques, des lettres faisant office, une fois pliées, d'enveloppe. Tenir une lettre intacte de 1895 m'a beaucoup remuée : les mots sont là se détachant toujours aussi bien, une voix d'un monde disparu. Si ces épistoliers nous regardaient aujourd'hui, ils découvriraient l'automobile, les avions, internet, les réseaux sociaux, l'Union européenne, l'aristocratie des grandes écoles, les mini-jupes, les smartphones, les totalitarismes.

dimanche 10 juillet 2011

Meiner Meinung nach : Lifelines d'Andrea Corr

Avancer son enquête, reprendre le fil de ses écritures... Ce soir je n'ai pas envie d'être sérieuse. Laisser filer les secondes en la compagnie vocale d'Andrea Corr me suffit amplement. Un mois après sa réception, son deuxième album solo Lifelines est un écho plutôt agréable à avoir dans les oreilles.

Musicalement, le synthétiseur a enfin disparu (ce qui était le gros défaut de Ten feet high et Borrowed heaven), les instruments acoustiques sont joués avec conviction et le violon se fait entendre sur quelques pistes. Ne manqueraient que des coeurs féminins plus aériens et on croirait les Corrs de retour.

Le travail d'Andrea sur sa voix entamé pour Home se confirme : plus de sentiments même si les yeahs sont encore souvent là, plus d'aigus.

Les textes ne sont pas les siens puisque Lifelines est un album 100% de reprises mais au moins grâce à cela elle parle d'amour de manière un peu moins fleur bleue. Je ne suis pas raide dingue amoureuse de Lifelines comme je l'ai pu l'être avec Talk on corners ou Forgiven not forgotten mais sur les 15 chansons proposées, cinq tournent en boucle et c'est déjà un ratio plus élevé que pour Mylène par exemple dont je n'arrive pas à écouter la dernière production sans m'endormir (so sad!). Peut-être que mon affinité avec Lifelines vient aussi du fait que partage pour le moment son humeur teintée de bleu. Car ce qui surprend chez Lifelines c'est sa mélancolie dérivant de son répertoire blues-ballade.

1 -I'll be seing you 3.5/5
Quelques notes solitaires de paino pour installer l'ambiance en demi-teinte du disque, une voix lancinante qui proclame la promesse de retrouvailles. L'introduction est courte 2,30 minutes, et il faut quelques écoutes avant de l'apprécier. Comme une invitation à savourer ce disque les yeux fermés, dans son canapé, bercée par les bruits s'échappant de la porte-fenêtre laissée entre-ouverte tandis que la conscience s'enfonce dans un demi-sommeil loin des échos furieux de ce monde. Une chanson pleine de sérénité sur le futur et les voies du hasard.

2-Pale Blue Eyes 5/5
Le morceaux de bravoure/bravitude de l'album. Non seulement la chanson dure plus de six minutes, mais dessus Andrea explore toutes les émotions de Lou Reed qui écrit à son amour de jeunesse : nostalgie douce, des sentiments que le temps n'érode pas dès que la mémoire les recherche, la souffrance, la tentation, la culpabilité et le renoncement. une palette égrenée telle les regrets le long des pizzicati du violon. Parce qu'avec Some things last a long time, c'est peut-être aussi le titre dont les paroles résonnent le plus en moi.

Sometimes I feel so sad./Sometimes I feel so happy,/ But mostly you just make me mad.
Thought of you as everything, /I've had but couldn't keep.
If I could make the world as pure and strange as what I see,/I'd put you in the mirror,/I put in front of me.



3- Blue Bayou 2.75/5
Je n'ai rien d'autre à reprocher à cette chanson, je crois, que mon désintérêt marqué et historique pour le blues. C'est mal je sais, mais incurable je crains. Néanmoins le tempo est joyeux et casse l'ambiance recueillie et lugubre des deux premières pistes. Andrea se voit vraiment en Louisiane !



4-From the morning 2/5
Une des ballade les plus ennuyeuses et gnan-gnans d'Andrea qui comme sur I do se met à annoner le texte avec la voix d'une gamine de cinq ans. Sorry I can't. Mais là aussi un rythme entraînant.

5-State of Independence 4.25/5
Une des trois déclarations rock réussies de l'album. La voix d'Andrea s'anime enfin, se réchauffe, frôle parfois la sensualité, portée par des choeurs masculins et des percussions erratiques. Le tout conclu de manière surprenante par des cornemuses. En concert, cela sera sûrement un grand moment.



6- No 9 Dream 4/5
Jolie reprise de Lennon, la première piste de l'album à avoir été fuitée sur internet par Andrea. La batterie inaugure en fanfare la chanson tandis qu'Andrea s'essaie vraiment dans les aigus tout en répétant le charabia qui sert de refrain à l'ex-Beatles. Et j'aime que phonétiquement ce "to feel" ne se distingue pas vraiment de "to heal". Dans cette hallucination auditive, il y a un souvenir de ces années 70 décontractées.

7-Tinseltown in the rain 4.5/5
Le titre phare de Lifelines et sans doute le plus accessible ce qui en a fait un excellent choix de premier single pour la radio. A l'image de cette ville de lumière, qui fait tourner la tête, la gaieté et l'envie de danser se reflète du titre. Le tout accompagné d'une réaliste touche de cynisme pour cette description du miroir et du tourbillon de la célébrité. One day this love will all blow over
/Time for leaving the parade /Do I love you ? Yes I love you/ Will we always be happy go lucky ?/ Do I love you ? Yes I love you/ But it's easy come, and it's easy go /All this talking is only bravado. Par rapport à la version courte diffusée sur les ondes, celle-ci offre un long solo de violon et les murmures furtifs de Sinnead O'Connor, choriste de luxe !



8- They don't know 3/5
Cette gentille ballade se détache par la pureté des vocalises de la demoiselle.

9-Lifeline 2/5
Titre éponyme de l'album et étrangement assez inécoutable sauf si on a envie de se pendre. L'original était déjà bizarre et franchement la ré-interprétation d'Andrea, même si elle se veut innovante dans les onomatopées ne convainc pas. Heureusement que la fin instrumentale calme le jeu.

10-Tomorrow in her eyes 3.5/5
Ce titre est le pendant d'I'll be seeing you. Même confiance dans le destin mais en plus optimiste, le tout encadré par une douce contrebasse mariée à quelques glissades sur le clavier du piano. Une bouffée d'oxygène entre les deux titres suicidaires qui l'entourent.

11- Some things last a long time 4.5/5
Beaucoup de fans des Corrs ne supportent pas cette chanson qui me bouleverse à chaque fois que je l'entends. Le rythme haché et les paroles simplistes et enfantines prennent tous leur sens quand on sait que son auteur et interprète originel Daniel Johnston est un guitariste schizophrène issu d'une famille rigoriste. Il avait dédié ce titre à son amour évidemment malheureux du lycée. C'est la seule piste dont la VO m'a immédiatement accrochée.Et je dois dire je préfère les interprétations acoustiques et en concert d'Andrea car la version studio est un peu réservée et rance à côté, niveau émotions.



Your picture is still on my wall
I think about you often
I can't forget all the things we did
Some things last a long time






12-You've got a friend 3.25/5
Chanson bonus appliquée pour les acheteurs de l'édition collector. Un rayon de soleil après le lugubre Some things last a long time. La voix d'Andrea uniquement accompagnée d'une guitare est posée et reposée. Cela rappelle un peu certains titres des Beatles. Pause douceur.

13- Tinseltown sous la pluie 3/5
Sympathique exercice de style pour cette version française de Tinseltown in the rain. L'accent et la traduction parfois hésistante d'Andrea est raffraichissante.Et comme chanter dans une langue étrangère faisait partie de mes recommendations de fans, je me sens quasi co-productrice du titre. Dommage que cette adaptation repose sur l'édition radio, un peu moins réussie (sans solo de violon notamment) que la version studio et que le français ne soit utilisé que pour le refrain.

14-The Crytsal ship 4.5/5
Mon coeur a saigné quand il a été annoncé que ce titre serait un bonus pour les utilisateurs britanniques d'Itunes. J'étais très triste à l'idée de voir un des meilleurs titres de Lifeline m'échapper. Car cette reprise des Doors n'a rien d'un baclage, la voix d'Andrea y est envoutante et mystérieuse quand elle réclame "another chance at bliss". Le solo de violon angoissant complète le tableau de cette plongée atmosphérique qui descend en fureur. Je ne comprends pas comment cette chanson a pu être désignée comme facultative.


dimanche 26 juin 2011

Festival des bandes-annonces

Pendant que j'y suis, j'en profite pour mettre en ligne la dernière bande-annonce de One day, autre adaptation d'un autre de mes romans cultes.

Ces deux minutes et trente secondes sont moins sirupeuses que la première mouture même si, et c'est un peu dommage, un pan entier du livre est dévoilé.

Parole et Guérison

C'est avec une grande satisfaction que je marque sur le calendrier des films à découvrir dès leur sortie en salles une deuxième oeuvre figurant au générique Michael Fassbender après Jane Eyre. (Oui il est un peu devenu mon Colin Firth Jr du moment!). Il s'agit d'une Méthode dangereuse de Cronenberg (A dangerous method en VO). Le film devrait être en compétition à Venise et j'aimerais lui voir accomplir la même carrière brillante que Black Swan.



La distribution et la réalisation laissent présager le meilleur : Viggo Mortensen, David Cronenberg, Fassbender et Keira Knightley - là comme d'habitude j'ai un peu les dents qui grincent par avance) sur une pièce de théâtre écrite par le scénariste des Liaisons dangereuses de Frears.

Vu que Fassbender excelle dans le rôle des séducteurs, des tourmentés et des salauds - effrayant de débauche et manipulation dans Fish Tank où il séduit une pauvre ado alors qu'il sort avec sa mère et est en fait marié, le tout dans une belle barre HLM anglaise(ceci dit le film est très fort quoi que suggère son résumé sous mes mains), intense mais sanguinaire dans X Men et le torturé et un peu sadique M. Rochester Jane Eyre-, il ne devrait avoir aucun mal à se glisser dans la peau du psychiatre Carl Jung tombant pour les charmes de sa patiente et future consœur Sabrina Spielrein le tout sous l'œil désapprobateur de son mentor Freud (Viggo), sur fond d'éthique et de schisme psychiatrique.

Une autre raison pour laquelle je suis le projet depuis son annonce c'est que le script était au départ une pièce de théâtre The talking cure montée en France sous le nom de Parole et guérison avec Barbara Schulz et Samuel le Bihan dans les rôles principaux. J'avais passé une soirée intense et prenante. Barbara Schulz était captivante dans la peau de Sabrina et ses accès de démence étaient très crédibles.

Je suis donc, comme toujours, curieuse de voir ce que donnera le passage au cinéma. La bande-annonce dessine un changement de dynamique. Sur les planches Barbara Schulz portait la pièce, mais les premières images de Cronenberg esquissent un duel d'hommes entre Freud et Jung. Ce qui n'est pas plus mal car ce qui péchait dans la pièce était justement un Freud un peu palot. Ceci dit, je tique déjà sur la performance de Knightley et craint que ça gache un peu le film. Vincent Cassel hérite du rôle du patient fou, qui était le quart d'heure inutile de la pièce donc peut-être que sous ses traits, je trouverai enfin le sens et l'intérêt de cette intrigue secondaire.

PS : Je dois remercier Vanity Fair et Michael Fassbender d'avoir produit l'interview la plus hilarante qu'il m'ait été donnée de lire cette année. La journaliste le suit une journée dans Londres (complètement sous le charme, je ne lui jette pas la pierre je serais sûrement dans le même état à sa place!) pendant laquelle il flirte un peu, révèle qu'il est quand même bien un beau brin de briseur de cœurs (ce qui lui a servi pour jouer Rochester) et se fait saluer avec enthousiasme par Zoe Kravitz, faisant comprendre à la reporter que les deux sortent ensemble (et un scoop pour elle!).

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mardi 7 juin 2011

Les surprises d'un balade dans le XIIIe 2/2

Si tu viens pas à Cannes, laisse Cannes venir à tes pieds.
Habiter pendant plus d'une décennie dans ce quartier paye enfin, avec le printemps les VIP sortent de leur antre et viennent enfin investir ce far east !
Une dizaine de jours aura suffi pour croiser Vincent Elbaz au resto et Mélanie Laurent en promo, à l'avant-première de Beginners au MK2 bibliothèque.

Soyons honnête, Beginners n'est apparu que très tardivement sur mon radar cinéphile à la faveur d'une critique particulièrement élogieuse dans Studio...qui est partenaire du film de Mike Mills. Même si donc leur louanges sont à prendre avec précaution, le résumé m'a intriguée. Deux personnages un peu mal dans leur peau qui se rencontre par hasard et qui essaie de s'apprivoiser au milieu d'un chien qui parle et d'un paternel qui se déclare gay après 44 ans de mariage. De la mélancolie, du loufoque, du Ewan McGregor avec la présence imprévue de l'inévitable désormais Mélanie Laurent. Bref cela suffisait amplement un petit séjour dans une salle obscure si l'occasion s'y présentait. Ce qui a fait basculer la balance ? Une petite affichette collée sur le gros poster du film dans le MK2 "avant-première du film avec l'équipe mardi 7 juin". Et là je me suis dis, quitte à aller voir Mélanie Laurent en concert pourquoi ne pas la voir en chair et en os dans son métier original : le 7e art ? Pas besoin de faire la queue 107 ans devnt un lointain tapis rouge, je passerai une tête dans le MK2 et on verra bien ce qui se passera.

Vient mardi 7 et...surprise, il reste des billets pour assister à l'avant-première. J'en prends et là je réalise que j'ai pris des tickets pour la petite salle 5 mais que la B réservée à la presse et aux invités est déjà pleine. Là je retombe un peu de mon nuage et je me dis que je verrai certes le film en avance mais que l'équipe ne va pas s'amuser à saluer les simples quidams que nous sommes. Du coup vu que le tapis rouge est à deux pas de l'ascenseur et que seuls les photographes de l'AFP, AP et Abaca ont monté leurs escabeaux, je me décide de faire ma groupie de base et je me plante contre un plot du tapis rouge. Quelques minutes plus tard surgit une équipe de télé. L'attente se passe dans la détente, les journalistes télé plaisantent et résument le dilemme de toute interview, faut-il poser des questions bateau ou faut-il poser une question qui se démarquera au point de perdre le pauvre acteur en pleine promo dans des abîmes de perplexité ?

Je suis un peu surprise : très peu de personnes se sont agglomérées autour du cordon et avec à peine 10 minutes de retard, Mélanie Laurent appareil, en jupe crayon vieux rose et chemisier mousseline assorti à fleurs (elle a porté la même chose dans d'autres couleurs à la première américaine). Elle n'est pas entrée par la porte mais pas derrière, on la voit confié son sac doré et son manteau brillant à son assistante et soudain elle se plante à 50 cm de moi pour répondre aux questions des JRI ! Je suis complètement à contre jour mais je peux sentir son parfum -léger-. Elle se prête de bonne gràace au jeu des questions mais ne cache pas qu'elle est mal à l'aise et n'est pas vraiment sur la même longuer d'onde que sur le dossier de presse, répétant ne "pas savoir dire d'intelligent". Une sincérité qui souligne bien les limites et la vacuité de la promo et du tapis rouge, plutôt touchant.



Ayant pris quelques images, je quitte les lieux pour ne pas encombrer plus (et je ne me sens pas capable de réclamer un autographe), Mélanie et Mike Mills posent devant le mur des photographes qui leur hurlent "en haut", "Mélanie à gauche", "non plus à droite"... Ai-je mentionné à quel point les premières sont artificielles ?

Dans la salle 5, on est accueilli par le traducteur français du script. Je trouve que c'est un pauvre substitut pour l'équipe du film mais pourquoi pas Quand soudain, il annonce la venue de Mike Mills qui se confond en hommage à Mélanie qui apparaît qui remercie Mike pour ce beau rôle et nous souhaite un bon film. Une apparition éclair de 2 minutes où la belle de la soirée ne cache à nouveau pas le peu de plaisir qu'elle éprouve face à cet exercice imposé. Alors certes c'est cour mais très gentil de leur part je trouve de descendre saluer le petit peuple. Et au moment de dresser le bilan, je dois dire que cette expérience groupie de dernière minute était bien agréable !

Et Beginners dans tout ça ? Le film est touchant même si un peu maladroit par moment. Il y a deux très bonnes idées, le montage en image d'actu des différentes époques, un peu comme les collages maisons que l'ont fait sur Youtube et ce chien dont on peut lire les pensées sous-titrés et qui s'avère être un cabot fleur bleue. La rencontre entre Anna et Oliver lors d'une soirée costumée. Lui est apprêté en Sigmund Freud, barbe et pipe comprises, et psychanalyse tous les invités. Elle, déguisée en fugueuse est rendue muette par une laryngite ce qui pour entamer une thérapie n'est guère pratique. S'ensuit un charmant dialogue à base de bloc-note et touche téléphonique... Dans la même veine on aura une course en rollers dans un centre commercial et des tags à but éducatif..., les flashbacks d'une mère excentrique.

Et puis il y a cette mélancolie doucereuse qui vit dans les personnages inspirés de l'histoire vraie de Mike Mills. Olivier qui n'arrive pas à faire sens de l'homosexualité et du cancer de son père et Anna qui se distance du monde pour ne pas trop souffrir mais qui justement voudrait bien faire une exception pour Oliver. Et même si leur rencontre pourrait changer le cours de leur existence, rien n'est évident dans cette histoire. C'est le côté réalité de cette chronique. Les héros sont aussi peureux et indécis que nous pouvons l'être (ce qui fait que malgré les défaut de Beginners on s'émeut quand même). Dernier petit bonus, un Goran Visnjik (Urgences) toujours aussi charmeur entre jeune gay attiré par les hommes d'âge mûr.

Dans cette comédie douce mais grinçante, j'ai retrouvé la touche entre réalisme et émerveillement de Garden State, Last Night ou Jusqu'à toi (avec la même Mélanie Laurent pas forcément crédible en journaliste douloureusement timide) qui m'avaient tiré sourire et un peu d'humidité lacrymale.

En bref : ***

dimanche 5 juin 2011

Les surprises d'un balade dans le XIIIe 1/2

Connaissez-vous la natation sur bois ? Vous devrez essayer, c'est un sport palpitant et de haut niveau !

L'imprévu a parfois du bon... quand au détour du promenade, on découvre que le démon de la procrastination s'est emparé de la vénérable Bibliothèque de France. Pour la onzième année consécutive, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs a présenté ses "événements spectaculaires" honorant l'art de vivre sa vie futilement et aux quatre vents.

Quand on y repense, les singes dévalant les marches ou le banc de poissons plongeant en direction de la Seine auraient dû m'alerter mais c'est seulement lorsqu'on a vu une bande étrange de gens en costumes et tailleurs courir comme des fous dans le plus parfait silence qu'on s'est douté que quelque chose se passait sur l'esplanade.



Les élèves de l'ENSAD débordent d'idées. Si je n'ai pas compris "Une scène est une scène", j'ai beaucoup ri devant la "Société Anonyme à Responsabilité Limitée : pour une politique entrepreneuriale ambitieuse dans le respect de ses contrats d'objectifs : innover dans la procrastination efficace ! ". Une philosophie qui a de l'avenir ! Mais mon gros coup de coeur va aux championnats de natation sur bois : on s'y croirait ! Commentateurs survoltés, y compris en provenance de l'étrange (ah l'accent québécoise est vraiment irrésistible), masseurs, les cameramen sportifs sur leurs charriots, photographes de plateau, nettoyeurs de piste, lignes... Ça donne vraiment envie de s'y mettre !

samedi 4 juin 2011

La solitudine dei numeri primi

Adapter c'est comme traduire, une trahison et une compromission de l'oeuvre originale. Je suis toujours très curieuse de voir le résultat filmé d'un livre que j'ai aimé. A quel point ma vision des événements va-t-elle différer de celle du scénariste et du réalisateur ? Quels arrangements vont réinventer l'intrigue : passages coupés, scènes imaginées, contre-sens des personnages ? C'est généralement cette troisième liberté artistique qui est la plus dure à accepter quand on adore un roman, celle qui paraît la plus dénaturante. Exemple : Arwen aidant à la bataille de Helm's deep.

Cette année, j'attendais beaucoup de trois projets :
- Le Trône de fer : encore plus inadaptable que le Seigneur des Anneaux avec une trentaine de personnages et 1000 pages par tome (pas encore vu la production HBO)
- One day qui a l'air très soigné point de vue réalisation mais qui je crains choisit plutôt l'option fleur bleue que la veine sardonique des années 90.
-La solitude des nombres premiers car le livre est sombre : auto-mutilation, anorexie, autisme, solitude, non-communication.

Pour ne faciliter en rien le labeur du scénariste, le livre contient peu de dialogues et décrit surtout la conscience endeuillée des personnages principaux : Alice et Mattia. Tellement à la marge de la communauté qu'ils sont condamnés à avancer seul dans la vie, incapables de se lier à autrui, de se faire comprendre ou accepter. Même la rencontre de leurs âme en peine n'y fait rien. Ils se croisent et se perdent de vue même si d'instinct le lecteur aimerait les libeller des âmes sœurs (sauf que le livre a bien intégré que dans la vie les sentiments sont compliqués et peu rationnels et s'en tient humblement à la réalité).Dans l'autre, il trouve un miroir mais pour autant que leur amitié est forte, et les sauve, ils ne se dévoilent jamais, ne tombent pas les masques. Comment traduire cette tension à l'écran quand tout n'est que combats et frustration intérieurs ?

Raconté comme ça, certains pourront se demander à juste titre ce que j'ai pu trouver dans ce roman rude de Paolo Giordano. Si j'en ai eu connaissance ,c'est grâce à une critique élogieuse sur People.com. Le titre matheux et la couverture étrange avec une cosse de petits pois a fait le reste (même si la version français de la main et du papillon est assez jolie).

Le livre se découpe en quatre parties recouvrant 4 différentes années de la vie des héros et même si l'atmosphère est malsaine, c'est dur de ne pas être touchée justement par les imperfections des personnages et leurs relations dysfonctionnelles au monde. Des anti-héros qui s'assument, s'auto-détruisent et apprennent à vivre avec.

Pour relever le défi de cette plongée dans des esprits torturés, le rélisateur Saverio Costanzo a choisi de tourner son oeuvre en empruntant au code des films d'horreur (merci Télérama sans toi je n'aurais pas capté la référence). Miroirs éclatés, pénombres, tunnels, interminables couloirs, clowns de mauvais augure, appartement familial suranné, parents muets et sourds, hallucinations, musique assourdissante couvrant les dialogues... Une de ces scènes les plus surréalistes - même si l'effet est discutable - est le mariage de Viola où Mattia et Alice sont enveloppés dans un brouillard tandis que les invités dansent comme si de rien n'était.



Saverio Costanzo a aussi déstructuré le récit chronologique pour ne révéler qu'à la fin le pêché originel des héros. Surtout il a exigé de ses acteurs un gros travail sur le corps. Alba Rohrwacher a dû perdre entre deux séquences dix kilos, devenant squelettique (ça fait mal aux yeux), tandis que Luca Marinelli en a gagné quinze. Le boitement d'Alice est accentué par le bruit des chaussures qui raclent le parquet et par ses chutes rituelles Mattia est perpétuellement voûté, replié sur lui, le regard fuyant tourné vers le bas.



A cet égard la scène de leurs retrouvailles sonne tellement vrai (et j'aime Bette Davis' eyes), on les sent pleins d'attentes mais aussi angoissés à l'idée de refaire connaissance et embarrassés de ces années d'absence et de silence.

La finesse de cette adaptation, sur laquelle Saverio Costanzo et Paolo Giordano ont travaillé de concert, c'est d'avoir avec un simple mot jamais prononcé dans le livre, intervenant 3 minutes avant le générique de fin, complètement modifié l'épilogue (même si rétrospectivement ne pas avoir envoyé Mattia à New York était un signe). Je serai curieuse de savoir pourquoi Paolo Giordano a donné une fin alternative à son ouvrage. Etait-il frustré comme la plupart de ses lecteurs de la conclusion sans concession qu'il avait apporté à son roman ? Que pour les individus nombres premiers aucune rédemption n'est possible. Avec le recul, a-t-il voulu laisser la chance à ses personnages la possibilité d'apprendre de leurs erreurs ?

Le mérite de cette fin en liberté artistique c'est qu'elle laisse une porte ouverte sans délivrer de happy end. En prenant sur elle d'aller une énième fois pourchasser Mattia (des deux le moins capable de suivre ses émotions) , Alice ne perd pas sa trace. Pour autant les cinq secondes de cette dernière scène n'indiquent pas clairement si le génie des math va réagir et saisir la main tendue. Du coup, ça ne renie pas entièrement la philosophie du livre, ouff !

Un autre altération cosmétique qui m'intrigue, c'eest l'idée de donner à Viola le monologue sur les nombres premiers : deux nombres solitaires divisibles que par eux même et séparés entre eux deux par un nombre qui les empêche de se toucher. Il avait beaucoup plus de puissance dans l'esprit algébrique de Mattia.

On remarquera que le prix du personnage le plus sacrifié au nom du passage sur grand écran revient au Fabio si bien nommé, dommage cela aurait été intéressant de voir les efforts d'Alice pour s'intégrer.

Je serai curieuse de voir si des gens sont allés voir le film et ont eu ensuite l'envie d'ouvrir le livre. De même peut-on avoir envie de voir le film sans avoir lu le roman ? Une fois de plus je trouve que pour profiter au mieux de ces deux médiums, mieux avoir lu d'abord puis ensuite se rendre au cinéma pour apprécier cette adaptation méritante quoiqu'infidèle !

En bref : ****

jeudi 2 juin 2011

Escapism I : London

Avant de prendre son courage et sa plume à deux mains, quelques souvenirs de cette troisième expédition Tamise en Seine.


Mai 2011.

mardi 31 mai 2011

Tightrope walker

So many things that could be told , so little time to write them down.

Déjà un mois depuis Westminster abbey et ses mouchoirs (il va d'ailleurs falloir refaire son stock pour Albert et Charlene bientôt)... et pas grande chose par ici. Les idées se bousculent dans mon esprit... de même qu'une profonde envie d'inertie.

La raison se cache-t-elle derrière une robuste dose de matinales qui me décalent somnambulitiquement et à mon incapacité à me coucher avant minuit quand il faut se lever à 5h45?

A l'actualité vigoureuse qui ne cesse de sortir depuis janvier des lapins palpitants de son chapeau -derniers en date Ben Laden et DSK à New York-.

A la contrariété d'une rechute dans ma zenitude ?

A un Feydeau londonien se perdant dans le dédale de Windsor ?

Aux galets chaleureux de Dieppe ?

Aux arcades ombragées de Turin ?

A ce printemps ensoleillé qui inspire les promenades matinées de lèche-vitrine ?

A la chaleur et aux grains de riz de Séville qui s'annoncent ?

A cette correspondance en suspens ?

A cette envie de se plonger dans Bones et Fringe, portée par une efficace initiation ?

Puisqu'il est probable qu'ils ne verront jamais le jour, tombés aux champ d'honneur de la procrastination et de la douceur de laisser les secondes s'écouler, saluons la prenante même si remplie de défauts version d'On ne badine pas avec l'amour du Vieux colombier, l'adaptation plutôt réussie et stratégiquement infidèle de la Solitude des nombres premiers (cas d'école ou comment changer un mot deux minutes avant le générique modifie le dénouement d'une œuvre), et des archives photographiques en bataille.

Now let's go grab lunch !

lundi 30 mai 2011

Lifelines

Le retour tangible d'Andrea Corr dans les bacs des disquaires méritait bien un pause en ces lieux. L'album de la miss sort cette semaine outre-manche et la semaine prochaine ici. Avec un peu de chance, la poste me laissera le précieux disque comme ambiance sonore de l'ascension.

Ce projet de reprise de classiques du blues et du folk anglo-saxons m'a peu enthousiasmée au départ, mon peu de goût pour ce type de musiques se mêlant à l'expérience décevante que fut Ten Feet High. Mais les chansons étant peu à peu dévoilées, Lifelines a trouvé davantage grâce à mes yeux. De l'entraînant Tinseltown in the rain, au touchant et fragile Some things last a long time en passant par Pale Blue Eyes et Crystal Ship.



Je suis aussi très conquise par la stratégie web d'Andrea, encore plus audacieuse que celle de Sharon. L'équipe de communication d'Andrea se montre aussi efficace que le service de presse de Buckingham palace lors du mariage princier. Des photos, des vidéos de concert ou d'interview toutes les 72 heures. Un sondage auprès des fans pour leur demander ce qu'il souhaiterait voir dans des éditions spéciales. Dois-je me sentir que flatter que la demande de chanter dans d'autres langues que l'anglais se soit traduite par une version franglaise de Tinseltown in the Rain sur Taratata et l'édition française de Lifelines ?

Si les dates de la tournée anglaise avaient été plus arrangeantes, si mes week-ends avaient été moins occupés de délicieuses escapades, j'aurais sûrement été tentée de passer la Manche pour retrouver la demoiselle en concert. Mais je suis déjà ravie de l'avoir vue sur les planches en décembre pour Jane Eyre à Dublin. J'attends de pied ferme des concerts parisiens. Et ce que je vois du premier concert à Birmingham me plaît beaucoup. Solide voix même si l'abus de "yeah, yeah" est toujours là, un peu de guitare électrique et de violon.

dimanche 8 mai 2011

Some things last a long time

Pour rester dans l'ambiance londonienne du week-end :



Car à défaut d'avoir mis le grappin sur la robe bleue zara post-wedding de Kate Middleton (#jeudiconfession), j'ai moi aussi fréquenté même si ce fut l'année dernière cette station de métro près des bords de la Tamise et ses jolies gravures du Londres des siècles passés.



PS : Andrea a bien de la chance d'avoir pu utiliser la demeure du Discours d'un roi (aka le cabinet de Lionel Logue) pour son clip et son making-off... Par contre comme d'habitude, on est un peu court question scénario sur le clip :-/Malgré un peu trop de rouge sur les joues, la miss fait toujours ausi jeune qu'il y a dix ans !

lundi 2 mai 2011

The perfect reward after a long week-end

Après 72 heures de folie royal wedding-samedi de perm' bien rempli-béatification de Jean Paul II-dos réduit en compote, et avant de s'atteler à des courriers fastidieux demain, Focus features a eu un geste de bonté absolue envers ma petite personne : ils ont diffusé la bande-annonce du livre culte de l'été 2010 : One day.



Je ne suis pas certaine qu'on retrouve le mordant du texte mais mission réussi côté enlaidissemnt d'Anne Hathaway. Et la scène entre 1.27 et 1.15 me noue particulièrement le coeur.

Edit : Après the Tourist, j'ai l'impression que le Café Nemours à côté de la Comédie français a décidement la côte auprès des réalisateurs ! {IMAGE ONE DAY NEMOURS}

Un plaisir n'arrivant jamais seule l'adaptation de la solitude des nombres premiers sort mercredi. Même si la critique regrette le classicisme du film et ses longueurs, je ne manquerai pas ce rendez-vous plus réaliste que le précédent. Et puis ce sera bon pour mon italien.


Dernière gourmandise, la bande-annonce du deuxième volet de Harry Potter et des reliques de la mort laisse même entre apercevoir Rémus et Tonks.



Last but no least, la saison 5 m'a rendue passionnée de Dexter (je n'ai pas vu le reste de la série). Michael C. Hall est parfait entre ses tentatives d'expiation en aidant une autre âme en peine, détaché et inquiétant à souhait quand il se trouve face à sa table, et après avoir été à déçu et un peu manipulé par sa protégée et que son identité a été démasquée par son quasi beau-frère, je suis curieuse de voir la saison 6.

vendredi 29 avril 2011

Love actually (in Westminster)


Je ne pouvais laisser ce lieu vierge de toute mention du royal wedding de la décennie (I'm unfair, hope you'll marry one day Harry, before 2020!). Ce mariage, j'attendais de le couvrir depuis son annonce en novembre et j'ai essayé autant que possible de multiplier les disserts sur le sujet en attendant. Avec les Oscars de Colin, un des moments que je convoitais le plus dans l'année.

Et ce qui est bien quand on est détenteur d'une carte de presse c'est que l'on peut donc passer son vendredi 29 avril à regarder à la télé un couple de quasi-trentenaires se dire oui devant deux milliards de personnes. Pour paraphraser le génial titre du Guardian qui malgré sa philosophie anti-monarchiste a offert des directs hillarants, y compris au moment du fameux baiser sur le balcon de Buckingham avec la une "des jeunes gens s'embrassent dans le centre de Londres". Certes, ces noces sont terriblement futiles et justifient une tradition monarchiste qui n'a plus grand sens de nos jours. Cependant, de temps en temps il est vital et salutaire de raconter les bonnes nouvelles. Un peu de sourire et d'amour même si c'est par procuration fait toujours du bien.

Je ne reviendrai pas sur la cérémonie, c'est déjà fait.

Mais que l'on me permette quelques observations :

-Mention très bien à la robe de mariée choisie par Kate. Elle ressemble beaucoup à celle que ma mère a vu, il y a quelques années, et qui l'a fait rêver depuis. La dentelle et les discrets diadème et diamants étaient du meilleur effet. Comme le faisaient remarquer cruellement les experts. Diana avait été plus audacieuse dans le dessin de la robe... qui reste définitivement bloquée dans l'enfer modeux des années 80. Kate reprend la leçon de style de Grace Kelly (désolée Albert et Charlene, la comparaison sera pour vous insurmontable) et adopte un style classique mais intemporel.

-En revanche, la deuxième robe pour la réception dansante du soir, je n'ai pas du tout aimé. Sa simplicité ne s'accorde pas au paletot genre fausse fourure. La silhouette s'apparente tellement à lcelle a robe du matin somptueuse en dentelle, qu'on a l'impression que Kate sort en nuisette faire la fête !

-William doit impérativement contacter le chirurgien de Silvio Berlusconi (succès garanti!) pour faire repousser sa chevelure. Parce que là niveau fantasme, c'est définitivement Harry qui l'emporte même si ça se voyait qu'il avait bien dû arroser la nuit précédente tellement il pouffait de rire parfois.

-Par contre j'ai été impressionnée par ses talents de formateur. Les médias anglais avaient engagé des spécialistes de la lecture sur les lèvres. Ils ont révélé que le duc de Cambridge a passé une bonne partie de la parade londonienne à guider gentillement Kate sur les signes de la main à faire à la foule, à lui conseiller d'incliner la tête quand leur landau passait devant un drapeau, à lui demander si elle allait bien. Certes, c'était paternaliste mais cela montrait que William est devenu un très bon acteur, ce qui est très utile comme on est cantonné à de la représentation. Le meilleur de ces appartés était sans nul doute au balcon. la foule crie "embrasse là encore", William n'a pas très envie mais Kate rit, il lui dit alors quelque chose dans le genre "tu es prête on y reva". Le pauvre, ça se voyait qu'il n'était pas du tout à l'aise!

-Chapeau aux mariés pour avoir réussi à trois reprises à prendre les journalistes de court. Le bain de foule jeudi de Harry et William, la sortie en Aston Martin et le report de la lune de meil (merci les amoureux, ça m'a permis d'écrire encore sur vous ce week-end...!). Tant mieux pour eux s'ils arrivent à se préserver.

- Ce mariage fut l'occasion de trois découvertes majeures:
¤Pippa : quelle robe, elle laissait peu de place à l'imagination !

¤Pippa & Harry. Le couple de rêve. Non seulement cela ferait très Jane Austen s'ils finissaient par sortir ensemble (genre Jane/Bingley-Lizzie/Darcy) mais en les voyant vendredi, tout sourire difficile de ne pas vouloir les contempler encore plus complices. Harry, oublie Chelsy qui fait blonde vulgaire, Pippa oublie ton banquier ! En commun, vous avez déjà le goût de la fête. Ecoutez plutôt la suggestion la suggestion du Guardian "My royal wedding: 'My kids said that Harry and Pippa ought to marry next'". A girl can dream. People.com révélait que Harry et Pippa ont quitté la soirée dansante à trois heures du matin passé dans le même véhicule. Ca ne veut rien dire mais sur le moment j'ai brièvement laissé mon esprit divaguer.

¤ Grace van Cutsem : la pauvre petite fille de trois ans et filleule de William que le bruit sur le balcon apeurait et qui se mettait les mains sur les oreilles. on lui en parlera toute sa vie de cette scène !

- Ultime enseignement de ce mariage. Impossible de se plonger dedans et de le ressentir quand on le commente, modifie le titre, met des liens, et change la photo. Il va falloir que je le revois à tête reposée (merci les Windsor pour être devenus aussi branché internet et de permettre la VOD !). D'ailleurs ces noces ont été menées avec un sens impeccable de la communication. Une révélation par jour à partir de J-45. Par contre, côté émotion, c'était tellement parfait que j'ai été beaucoup moins touchée que pour le mariage de Victoria de Suède qui épongeait les larmes de son mari et remerciait son peuple de lui avoir donné un tel homme.

Pour le plaisir des yeux, cette photo officielle me fait penser aux tableaux représentant Victoria et Albert Cobourg de Saxe Gotha dans leur jeunesse! Reste à savoir si Kate se conformera aux statistiques Windsor. Jamais l'épouse de l'héritier du trône n'a attendu plus d'un pour avoir des enfants.

dimanche 10 avril 2011

Nothing really important happened today


J'ai trié des photos.
Je me suis promenée et ensoleillée dans St Germain à la recherche de guides introuvables.
J'ai failli entrer en collision sur le parvis de l'église avec les gardes du corps de Jacques Chirac qui l'escortaient vers sa voiture. Je crois ne l'avoir jamais vu d'aussi près. (Et maintenant j'ai la paire après avoir doublé la clio de Bernadette l'année dernière).
Je suis allée flaner sur l'Île-St-Louis.
Ainsi commencent les Pâques 2011.

dimanche 20 mars 2011

We might as well

Cela fait un an que nous remontions de la gare de Lyon sur le pont de Bercy, tout amusés de cette traversée et aventure nocturne qui nous ressemblait si peu… Satisfaisante conclusion à cette journée qui nous avait permis de découvrir le génie d’Elia Kazan dans la Fièvre dans le Sang et qui s’était poursuivie par une halte improvisée au Balzar, un petit caprice comme il est parfois plaisant de s’en accorder. Impossible de deviner alors que nos chemins étaient sur le point de se disloquer et que notre amitié vivait ses derniers moments. Des signes avant coureurs étaient là mais jusqu’au bout je ne t’ai jamais cru capable de la moindre hésitation. Si j’avais su, j’aurais agi avec plus de sang froid et j’aurais essayé de te parler pour discuter avec toi de ce qui te tiraillait. Peut-être ne t’aurais-je alors pas servi à un défouloir, who knows ?

Prophétiquement tu m’expliqueras peu de temps avant que tu n’avais jamais eu d’ami aussi ancien que moi. Savoureuse ironie de l’histoire quand 3 heures plus tard implosaient huit ans et demi d’amitié. Il y avait de meilleures solutions, je le sais, que de prendre le large mais sans directives, aide, explications de ta part, je ne voyais pas d’autre moyen de fermer cette boite de pandore que je venais d’enterrer après de longs mois d’efforts. Quand toi tu semblais tout traverser avec la plus parfaite facilité et normalité. Un an après, je ne trouve pas le sens de ce dérapage. J’ai fini par me résoudre à réaliser qu’il n’y en avait pas. Je fus là au mauvais endroit au mauvais moment. Trop proche c’est tout.

En cette semaine anniversaire de la fin, je repense au début. Ces deux lettres d’écart dans l’alphabet. A quoi une amitié tient-elle ? Juste une feuille d’appel et le désir de faire ses preuves. Ces deux ans de débats parfois orageux pour dégager problématique ne suggéraient pas vraiment que de camarade tu deviennes « ma personne ». Et puis ce lien a traversé l’année Erasmus et les grands oraux et les concours. Des années à parler de tout et de rien, à refaire l’actualité, à s’échanger nos centres d’intérêts et hobbies (et si le démon de la photo est venu, ce fut par toi, si mes victimes doivent blâmer quelqu’un), à se soutenir dans les amertumes. Avec patience tu écoutais tout, les récits les plus triviaux, les doutes, les analyses. Tu devinais la fatigue, la curiosité. Compréhension mais jamais pitié. Tu as aussi accepté les contraintes qui m'accompagnent même quand tu étais mécontent et que tu le faisais savoir. Tu appréciais les mots et l’écrit. Avec toi, j’ai réalisé que ce que je pouvais être amusante et au deçà de l’ordinaire. A ton contact, je crois avoir grandi et découvert davantage qui j’étais.

D’où la difficulté à tolérer ce vide que j’ai pourtant souhaité. J’avais accepté depuis longtemps que nos vies seraient parallèles mais tant que nous pouvions compter l’un sur l’autre, c’était bien assez pour moi. Avec des ami-e-s de confiance, on peut tout affronter. Mais que faire quand la confiance s’en va ? Comment la rétablir après toutes les vérités cinglantes prononcées de ma bouche et de la tienne? En un instant, je n’ai plus su quelle était ma place. Comment discuter , réconforter et écouter une personne qui vous fait de la peine ? Pourquoi est-ce si important d’être là quand tu dénonces mon omniprésence ? Comment badiner quand on a le cœur lourd ? Puis-je te demander ton aide quand j’ai l’impression d’avoir été manipulée, jouée pour rien ? Pourquoi revenir alors que je t’ai blessé aussi ? Est-il encore possible de revenir sans commettre les erreurs d’autrefois ? Est-ce vraiment utile de réapparaître quand la vie poursuit inlassablement son cours ?

Mon premier souvenir chronologique, reconstruit à postériori, c’est de te revoir accepter ton destin non enviable de premier exposé de l’année et tenir tête aux maîtres de conférences sur la notation. Mais mon premier souvenir conscient c’est la première fois que nous nous sommes parlé pour discuter de notre premier travail en commun, on se demandait comment arriver à trouver un René Raymond en rupture de stock. Dans ce moment sur les marches, rien ne laissait présager les bonnes bouteilles entre 22h30 et minuit, les promenades parisiennes, les repas, les expos et les pièces, les canards enchaînés, la parenthèse du Croisic ou de Lyon. Au-delà de tous ces souvenirs précieusement rangés, je te revois si déterminé, engagé, imaginatif lorsque l’appareil était à proximité. Si ce jeune homme n’est plus à mes côtés, j’espère qu’il est toujours auprès de toi, à te guider et à te pousser, et qu’il aura une pensée pour moi en cette semaine de « commémoration ».

Retour sur la lande à Thornfield-Hall

J'aime les classiques anglais, je les apprécie encore davantage quand ils sont adaptés sur grand et petit écran. Aaah orgueil et préjugés, raisons et sentiments, bleak house... et désormais c'est à Jane Eyre de retrouver ce privilège.

Le roman de Charlotte Brontë n'a jamais manqué de réalisateurs. Il y eut, il y a 15 ans, l'essai moyennement satisfaisant de Franco Zefirelli avec Charlotte Gainsbourg qui manquait de gothique, la mini saga majestueuse de la BBC qui m'a enfin fait voir Mr Rochester pour ce qu'il était. A l'image d'Heathcliff, un immense tortionnaire psychologique, frisant la perversité (notamment lorsqu'il courtise Blanche Ingram et demande son avis à Jane). Et pour une fois Jane n'était pas trop jolie. J'ai pu aussi revoir ce roman de mon enfance, objet d'une mémorable fiche de lecture de trois copies doubles dans les frimas périgourdins, sur les planches à Dublin où Jane était interprétée par mon héroïne Andrea Corr. Et pour sa deuxième expérience sur scène, sa performance était crédible et passionnée (juste un peu limite dans les abimes du désespoir).



Donc mes oreilles ont pivoté sur elle-même quand j'ai entendu dire qu'un studio britannique allait proposer au printemps une nouvelle adaptation cinématographique. D'autant plus quand j'ai su que le rôle de Rochester échoauit au terrifiant Michael Fassbender, toute en cruauté et en goujaterie dans Fish tank, en père de famille séducteur d'adolescente. Ce qu'il manquait à la Jane d'Andrea c'était justement un Mr Rochester séduisant et charismatique, là au moins ce problème sera résolu (je dirai même que ce Rochester est un peu jeune!).

Alors certes, la fin de Jane Eyre n'est vraiment plus un mystère mais je ferai bien le voyage encore une fois, ne serait-ce que pour voir si l'étape St John est un peu moins bâclée que d'habitude (et Jamie Bell a bien grandi!). D'ailleurs c'est un des grands écueil de son cousin, les Hauts de Hurlevent. Tellement dense qu'il est difficile de lui rendre hommage dans ses deux parties, si bien que souvent seuls Catherine et Heathcliff ont droit de pellicule. La version d'ITV est à ce titre tellement adaptée librement que j'ai du mal à m'y glisser alors que sur le papier Tom Hardy faisait un Heathcliff animal de rêve.

PS : autre tentation attendue la suite des Reliques de la mort. Warner Bros dans sa grande générosité vient de mettre en ligne quelques secondes inédites dans un fatras de blabla commercial.

samedi 19 mars 2011

A l'automne 2011


Je peux déjà noter un rendez-vous : aller au cinéma voir One Day. La comédie british qui me fera oublier le sombrissime Never let me go, ma grosse déception cinéphile de ce début d'année. A quoi ça sert de réunir la crème du jeune cinéma anglais si c'est pour fournir un film mal ficelé, lent, déprimant et où Keira Knightley chuinte encore plus que d'habitude ? Je veux bien adhérer à une histoire de clones mais même si tout s'explique par un endoctrinement parfait, j'ai du mal à accepter que Tommy, Kathy et Ruth ne se rebellent jamais contre leur destin de pièces détachées.

Bref pour en revenir à One day. La production a pris en pitié mon impatience en publiant une première affiche (maintenant si vous pouviez être sympas et mettre en ligne une bande-annonce ce serait encore mieux, je veux vraiment voir si Anne Hathaway et Jim Sturgess sont crédibles en Emma et Dexter même si j'ai peur qu'Hathaway soit trop jolie).

Alors évidemment quand on voit l'affiche, on se dit encore une de ces comédies romantiques téléphonées... (Dernier exemple en date le poussif sex friends). Mais j'espère que One day sera plus que ça et traduira les rires et les larmes que m'ont arraché le roman à l'origine de l'histoire. Parce que One day malgré toutes ses ambiguïtés est le récit d'une grande amitié et non de la romance entre Emma et Dexter, qui dépeint aussi bien leur complicité que leur éloignement. Le tout sous la plume acerbe de David Nicholls qui brocarde la jeunesse des années Thatcher et Blair (1).

Sûre je n'aurais jamais autant aimé ce livre s'il n'avait résonné aussi fort avec ce que j'étais en train de vivre. La réconciliation entre Emma et Dexter , amis de fac, au bout de trois ans de froid et de silence m'a beaucoup touchée et même si je n'entretiens plus le même espoir pour moi, j'ai presque eu envie d'y croire. Côte autobiographique, l'histoire de la Solitude des nombres premiers est sûrement plus appropriée.

(1) Pour les curieux voici un extrait de la rencontre entre Emma et Dexter :
Dex knows “with absolute confidence that somewhere in amongst the art postcards and photocopied posters for angry plays there would be a photograph of Nelson Mandela, like some dreamy ideal boyfriend.” He had seen “any number of bedrooms like this, dotted round the city like crime scenes, rooms where you were never more than six feet from a Nina Simone album.”

Le site officiel du roman donne aussi une bonne idée de l'ambiance de One day http://www.oneday-twopeople.com/home.htm

mardi 15 mars 2011

Faraway...so close


D-E-G-O-U-T-E-E! Vous avais-je raconté comment j'avais raté de quelques secondes Colin Firth à la commission européenne, il y a cinq ans ? Et bien à ce palmarès douteux je peux rajouter depuis hier soir : comment j'ai raté Emma Watson de quelques mètres en remontant par le boulevard St Germain !

Je suis ravie et frustrée de cette coïncidence spatiale.

Hermione se promenait devant le café de Flore non pas pour Harry Potter mais pour vanter les mérites de Lancôme dont elle est devenue la nouvelle égérie.

Cela n'avait beau être qu'un tournage de pub, il y avait bien une dizaine de camion de tournage sur le boulevard. Une fil indienne qui a accroché mon attention. Je me suis tournée vers le chauffeur, on s'est regardé, on a vaguement plaisanté de s'arrêter sauf que nous étions dans le mauvais sens du boulevard san possibilité de se garer. La foule des badauds et des techniciens empêchaient de voir la star en question mais cela s'annonçait juteux (indeed).

Cette rencontre de loin restera unique! Je doute un jour arriver à approcher Emma de plus près sauf en DVD !

dimanche 27 février 2011

In memory of this glory day

...pour compenser cette semaine fatigante entre grandes joies, lassitude et manque de sommeil.


le 27 février 2011 restera dans l'histoire ! (non seulement pour les Oscars mais aussi pour cet art si parfaitement appliqué du name dropping!)

Mr Darcy alias Colin a enfin son Oscar, bien mérité après la brillance du Discours d'un roi et de A Single Man.

Et la gracieuse Portman qui fait d'excellents films quand elle s'y met et terrifiante de folie et d'émotions dans Black Swan.

Source

jeudi 17 février 2011

Moonset, moonrise in Paris

Quand on se lève à 5h30 du matin et qu'on déambule dans les rues de Paris à 6h15 les jours de pleine lune, on a quelques privilèges...



Levée de lune après la sieste

Paris le 17 février 2011