vendredi 23 septembre 2005

Bruxelles I : quand Constance pénètre dans le monde merveilleux de la Commission Européenne

Il était une fois Sciences-Po et sa course folle aux stages: février, Pâques, les huit semaines d'été et le semestre hors les murs, autrement un premier semestre passé partout ailleurs que rue Saint-Guillaume. Cinq mois de liberté avant la dernière ligne droite : l'obtention du diplôme au terme du grand oral, un ultime semestre qui voient les étudiants se transformer en grattes-papier et rats de bibliothèques insomniaques. Bref, une petite compensation pour nous faire suer le reste du temps que l'on peut passer soit en Erasmus soit en stage.
Mais voilà après avoir gouté aux joies de l'échange universitaire à Dublin, je ne voulais pas ternir cette merveilleuse expérience par un bis repetita qui n'aurait pu que me décévoir (comment rentrouver cette potion magique qu'était l'Irlande, quatre colocs qui se connaissent depuis le début de leurs études, Anne, Noémie ?).
La solution qui s'imposa fut donc le stage et à l'étranger par dessus le marché dés que les toopiines affichèrent leurs intentions de partir dans des contrées lointaines (Californie -plan Cécilien on hold pour le moment-, Jérusalem et service de presse de l'ONU pour Noémie, France-Amérique pour Sarah, CNN à Marie et Vancouver pour Fabienne... et le désir surtout de s'échapper de la routine parisienne quelques temps, ne pas abandonner une opportunité de larguer les amarres et de se casser les dents sur un défit d'indépendance supplémentaire.
Seulement les pistes anglaises et irlandaises se sont évérées inexistantes et pas activement poursuivies non plus. J'étais complètement débordée par le rhytme de l'école de journalisme et je n'ai pas eu le loisir de définir des objectifs précis dans les temps.
Pataugeant dans un néant un peu vague, c'est ma maman qui comme d'habitude m'a repéchée... Fascinée par un article lu chez le coiffeur détaillant la vie trépidante des stagiaires européennes (société cosmopolite vivant selon des moeurs estudiantides et en autarcie) et ayant récemment visité Bruxelles pour affaires avec ses collègues des archives télévisuelles de la Commission Européen, la solution s'imposait d'elle même : le service de presse de la Commission.
Service de presse divisé en deux branches : le service audiovisuelle (TV et un brin de radio) et le service du porte-parole qui se cantonne à l'écrit.
Ma méfiance vis à vis de la TV et mes scrupules (je ne voulais pa candidater dans un registre où je n'avais aucune qualification ayant échappé à tous les ateliers TV du 117 et maitrisant très moyennement la radio et l'art de la diction) donnèrent naissance à une lettre de candidature mi-figue, mi-raisin en février qui fut promtement refusée... Mais en bonne personnne contradictoire que je suis, ça m'a quand même rendue triste.
Un refus qui combiné au silence du service de presse me fit abandonner la piste belge... et la lettre de motivation spécifique au service de presse complètement oubliée et d'autant plus que l'idée de faire un stage dans la communication institutionnel, némésis du journalisme, puisque la communication est de la production d'infos purement intéréssée qui utilise les journalistes comme mégaphone, ne m'enthousiasmait guère. Trop éloigné de la presse écrite tout cela.
Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir fin mai un e-mail de Javier-Francisco.Lombide-Reparaz (quel patronyme!) me demandant si j'étais toujours intéréssé par ce stage... Ayant bien du mal à boucler mes obligations estivales et ayant été tancée par mon père face à mon snobisme (je le suspecte de continuer à fantasmer d'avoir une fille qui fasse carière comme mon frère dans la haute fonction publique bien plus claaassse que journalisme), je réponds oui sans hésiter.
Une, deux, trois semaines se passent sans nouvelles. Prenant mon courage à deux mains, j'appelle Javier qui me rassure : "on vous rappellera".
Silence radio quand tout un coup sur les routes de Tchéquie , mon portable sonne, la Commission européenne au bout du fil... me proposant un rendez-vous à Bruxelles dans les 48h, un peu difficile donc je décline mais explique que dés que je suis à Paris, je suis disponible.
Mais c'était sans compter les vacances de la Commission qui se vide de juillet à septembre. Impossible de joindre quiconque, patrons comme secrétaires sont aux abonnés absents. La tension monte à Paris, mes stages d'été se finisse et je n'ai rien de prévu,pas un plan B, pas une roue de secours... Je commence à me résigner de reprendre les cours en octobre.
Défiant toutes mes prédictions, la Commission rappelle le mercredi 14 septembre, rendez-vous est pris pour le vendredi en huit. Mais un rendez-vous en quoi, pourquoi, entretien d'embauche comme au Nouvel Obs dont je n'aurais pas de nouvelles pendant X temps ou simple formalité avec signature de convention ? Impossible de trouver la moindre réponse à mes questions.
Au fur et à mesure que la voiture dévore les 300 km qui sépare Paris de Bruxelles, l'angoisse gagne du terrain, d'autant plus facilement que nous nous perdons pendant une heure sur le périphérique démoniaque de Bruxelles, le Ring, qui nous détourne en Flandres où les panneaux en néerlandais ne nous aident pas à retrouver le nord (et ma mère me reprochant de ne pas arriver à les traduire, oubliant le fait que mon allemand est non seulement ma LV2, en mauvai étât et pas l'outil le plus adapté pourcomprendre la langue de Vermeer)...
Finalement nous sortons du labyrinthe et raillions nous sans mal le quartier général de la Commission,le Berlaymont. Immeuble aussi imposant que la BNF et dédaleux que les nouveaux locaux du Figaro, en verre et béton mais faisant une bonne centaine de mètres de long.
En descendant une passerelle, on arrive au lobby où les visiteurs sont filtrés. Nous recevons un joli badge et on nous dit d'attendr Anne Chéry, l'assistante de Pia Ahrent-Hilde en charge du service du porte-parole (dénomination excate du service de presse).
Elle arrive, direction le 8è étage et premier apperçu de l'intérieur de la Commission. Des vastes surfaces parquettés pour les parties communes ou employés et presse se cotoient et au delé des portes protégées, des longs couloirs moquettés comme je les aime où au gré des humeurs les cannes peuvent devenir inutiles.
Elle m'installe dans le bureau de Pia qui est retenue par une réunion. Rapide coup d'oeuil au bureau pour tromper l'inquiétude et la solitude, ma mère tapant la discute avec Anne Chéry: portrait de deux bambins très mignons et très blonds, une table recouverte de journaux anglais, français et danois... Je commence à lire the Economist en le remettant sur la pile à chaque fois qu'un bruit se précise derière moi.
20 minutes plus tard, Pia apparaît... Fatiguée mais jolie, la trentaine, les cheveux blonds m'accueillant en français. Et comme à chaque entretien une question simple et unique "pourquoi êtes-vous ici?" Je récite mon petit discours mis au point au cours du trajet : je veux voir l'autre coté du miroir,passer du coté des communiquants, je veux découvrir de façon concrète la Commission après avoir passé quatre ans à l'étudier sur des livres, je veux varier un peu de mes stages en presse écrite, je veux travailler dans d'autres langues que le français.
J'essaie de meubler pour ne pas laisser un blanc trop long... Finalement, elle me pose la question tant redoutée, "savez-vous ce que vous voullez faire?". Question piège alors que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ILS font. Je marmonne "Tout ce que l'on voudra bien me laisser faire"... Elle comprends que je ne sais rien.
Au menu de ce stage alors : production -rédaction? et traduction des communiqué entre français et anglais- des communiqués, préparation des conférences quotidiennes de la Commission sans compter celles exceptionelles de Barosso, relever dans la presse les questions qui pourraient saillir de la bouche des journalistes (my bet and Cécile's :la grippe aviaire), et surtout analyser comment les très (trop) nombreux communiqués de la Commission sont reçus par la presse européenne.
Adieu articles, vive le retour de la (note de) synthèse!
Conclusion chaque matin: poussée d'adrenaline de 8h30 à 12h30 heure de la conférence puis dans l'après-midi revue de presse jusqu'à 18h3à/19h... Possibilité en cas d'urgence (comme le tsunami) d'être réquisitionnée à Noel et les week-end.
Pia doit retourner à sa réunion mais me laisse avec Javier qui peaufine avec moi les aspects pratiques du stage. J'ai le stage ! I was utterly flabbergasted...
Les dates : 24 oct-17 fév... (chic c'est le retour de la tradition de l'anniv' dans des lieux impromptus -Antalya, Dublin, DCU-^__^)...
Pour les aspects liés au handicap, no such luck. Contrairement à DCU, on devra mettre au point seules le modus vivendi de la vie quotidienne (transport, logement, aide à domicile) et non pas en six mois mais trois semaines! Baume au coeur, le batiment est complètement fonctionnel malgré les escaliers, profusion d'ascenseurs et rampes et présence d'une cafeteria et cantine ce qui me liberera de la corvée du lunch packet. Décision est prise de se mouvoir au Berlaymont en fauteuil roulant au vu de son étendue.
Dernière étape de la visite, mon bureau au bout du couloir que je partagerai avec deux autres stagiares. qui eux étant diplômés et relevant donc du livre bleu sont payés et commencent au terme d'une semaine d'intégration le 1er octobre. Seul détail, l'un d'eux s'appelerait Tristan, serait anglais et aurait aussi fait des études de journalisme.
Cependant, cette nouvelle me rend plutôt morose: je vais arriver alors que tout le monde dans le département se connaîtra déjà, comment se creuser une place au soleil ?
Autre bons moments de ces 48h belges, la découverte de ma cousine Camille et de ses trois garçons, un bon dîner sur piérade, le nouvel album des Corrs, le dejeuner aux moules (mais pas sur la grande place consacrée à la promotion du dernier album d'Asterix et transformé en village gaulois avec paille et huttes!).

jeudi 22 septembre 2005

Quand le Nouvel Observateur fait sa une d'un de mes fantasmes... II

Veni, vedi, vici...
Semaine du jeudi 22 septembre 2005 - n°2133 - Dossier
Plus de 15 000 Français à Dublin
Le rêve irlandais Le dynamisme du « tigre celtique » attire les Frenchies : une centaine de milliers d’emplois sont attendus d’ici à 2010
Si vous galérez en France pour trouver un emploi, n’hésitez pas: venez à Dublin ! Que vous soyez diplômé ou non, avec ou sans expérience, ici, il y a du travail pour tout le monde. » Sourire rayonnant et tailleur sage, Valérie Blard pourrait illustrer une campagne de promotion pour le dynamisme économique irlandais. Dublin, elle connaît bien. Une simple maîtrise de LEA (langues étrangères appliquées) en poche, cette jeune étudiante de Tours a débarqué ici il y a onze ans pour un simple stage. Emballée par cette capitale à taille humaine, elle décroche un premier job dans une compagnie aérienne: opératrice au centre d’appels. « A l’époque, le call center était un passage obligé pour tous les étrangers. » Quelques années et deux emplois plus tard là voilà, à 34 ans, responsable finance et comptabilité chez Yahoo!, cadre presque sup, à 45 000 euros par an, plus un bonus : « Jamais je n’aurais eu une carrière aussi rapide en France. Ici, on ne vous demande ni un super-diplôme ni dix ans d’expérience avant de vous faire confiance. » Arrivé à Dublin il y a un an, Bertrand Hugo, lui, a exercé mille petits boulots avant de lancer sa propre entreprise de bâtiment: « Le marché est en plein boom, et c’est tellement plus facile. Il y a un véritableesprit d’entreprise. »
Pas de doute: ici, avec plus de 5% de croissance et moins de 5% de chômage, l’euphorie est palpable… Dans ces pubs bondés, véritables pivots de la vie sociale, où jeunes et vieux, riches et pauvres, Irlandais et étrangers trinquent ensemble, dans ces nouveaux restaurants chics pleins à craquer, dans ces magasins de luxe qui recrutent à tour de bras et transforment cette grosse bourgade provinciale en capitale européenne branchée. Dopées par une fiscalité ultra-attractive, les grandes entreprises informatiques ont fait de Dublin, voilà dix ans, la capitale européenne du high-tech. Biotechnologies, centres de traitement financiers, services de hot-lines ont suivi.
Ceux qui pariaient sur un essoufflement du « tigre celtique » avec l’explosion de la bulle internet et la concurrence des pays de l’Est se sont trompés: d’ici à 2010, le pays devrait générer de 90 000 à 120 000 emplois. Face à la pénurie de main-d’œuvre, les représentants du patronat courent la planète pour attirer les candidats à l’immigration. Pour peu qu’ils sachent se débrouiller en anglais, les Français ont tous les atouts. Ils seraient aujourd’hui de 15 000 à 20 000 à Dublin, soit 1% de la population d’après l’AFI, l’Association des Français en Irlande. Et le flux se poursuit. Laurent Girard-Claudon, qui a créé à Dublin le cabinet de recrutement Approach People pour les candidats français, le confirme. « Finances, informatique, service clientèle, ventes… il y a des postes à prendre dans tous les secteurs », affirme ce jeune entrepreneur de 27 ans. En cinq ans, il a déjà placé 700 candidats dans des entreprises irlandaises et dispose en moyenne de quelque 150 postes à pourvoir.
A 34 ans, Habib Rhissassi ne rêvait pas d’exil: bardé de diplômes, ce jeune Français d’origine marocaine cherchait un poste de consultant commercial en France. Malgré sa thèse en informatique et son expérience internationale, pas de réponses. « Mon CV a été consulté 500 fois en France et je n’ai eu qu’un entretien en un mois. Je l’ai mis sur deux sites de recrutement irlandais: le téléphone sonnait 5 fois par jour. » Une semaine et deux entretiens plus tard, il décroche le job de ses rêves avec prime de déménagement, excellent salaire et bonus en prime. Son origine maghrébine, qui – regrette-t-il – « lui a fermé les portes des carrières commerciales en France », a plutôt été un atout en Irlande.Bien sûr, ce nouvel eldorado a ses points noirs: un coût de la vie prohibitif. Comptez 30% de plus qu’en France pour le budget alimentation. Quant aux loyers, ils sont peu ou prou parisiens: avec des chambres qui se louent en moyenne 400 euros par mois, la co-location est un passage quasi obligé pour les jeunes qui débarquent. « En revanche, on trouve très vite un nouveau toit, sans fiches de paie ni caution », dit Jamila, 23 ans, employée dans un centre d’appels, qui loue, pour 500 euros par mois, un tiers de son salaire, une simple chambre dans un appartement qu’elle partage avec deux Irlandais. « Ici, l’argent file. Mais les salaires sont corrects, les relations de travail agréables. On sent que ça bouge. Je vais revenir bilingue. Quand je vois des jeunes tourner en rond, en France, je me dis que ça valait vraiment la peine. »
Natacha Tatu
L’Irlande, mode d’emploi :
Se renseigner sur le site de l’Association des Français d’Irlande (AFI); http://www.afi@ie/Avoir au moins 1 500 euros d’économies.Un CV en anglais sans fautes d’orthographe. N’hésitez pas à détailler vos expériences professionnelles, le poste que vous recherchez…Se munir d’un téléphone mobile avec un forfait local.Ne pas contacter directement les entreprises. Déposer son CV dans des cabinets de recrutement.Consulter deux sites utiles: http://www.approachpeople.com/ (spécialisé dans le recrutement de Français), 0820-29-20-12 et http://www.daft.ie/ (pour trouver un logement).

Quand le Nouvel Observateur fait sa une d'un de mes fantasmes...

Hélas au fein fond de mon esprit troublé, il y a toujours le désir fou d'aller voir pour quelques années si la vie ne serait pas plus verte et libre ailleurs... Utopie, oui... mais évocatrice de rêve.

Semaine du jeudi 22 septembre 2005 - n°2133 - Dossier

62 000 expatriés l’an dernier

Changer de pays Il n’y a pas que les riches qui fuient le fisc. Avec ou sans diplôme, de plus en plus de jeunes prennent congé de la France pour tenter leur chance à Londres, New York ou Madrid, dans des pays jugés moins déprimés, plus ouverts, plus dynamiques...Pour la première fois dans l’histoire, le nombre de Français expatriés a dépassé la barre des 2 millions. Est-ce la conséquence de la mondialisation ou un nouveau symptôme d’une société bloquée ? Portrait d’une « génération sans frontières » et enquête sur les bons plans pour réussir.

Tout allait plutôt bien pour Axel Fromont et son épouse, Sylvie. A la fin des années 1990, alors que la croissance était encore florissante, ces jeunes Parisiens pas tout à fait trentenaires ne voyaient devant eux que des portes ouvertes. Lui, ingénieur diplômé d’une bonne école francilienne, avait décroché sans difficulté un CDI chez Bouygues Telecom. Elle, fraîchement sortie de l’Ecole de Management de Lyon, s’apprêtait à grossir les rangs des cadres de L’Oréal. Point de jobs précaires, point de salaires chétifs, ni de servage moderne à l’horizon. Mais voilà. Ce couple d’élite en a eu ras le bol du pays de Voltaire. En 1999, Axel et Sylvie ont démissionné, plié bagage et sont partis à l’aveugle chercher fortune aux Etats-Unis. « Nous voulions échapper à la voie toute tracée qui nous était imposée, ce côté déjà écrit des entreprises françaises, se souvient Axel. Il nous aurait fallu attendre deux, peut-être trois ans, avant de partir à l’étranger. C’était frustrant. » Les voilà à New York, en train de prendre langue avec les employeurs et ébahis de ce qu’ils découvrent. « Là-bas, il n’est pas utile d’envoyer un CV et d’attendre une réponse trois mois: ils vous convoquent illico et se montrent très ouverts. » En deux temps trois mouvements, le couple décroche un emploi et s’installe dans la 57e Rue, à deux pas de Central Park. Et découvrent, stupéfaits, l’incroyable souplesse de la hiérarchie locale et les possibilités offertes de grimper les échelons, inconcevables en France. « La vie américaine est fiévreuse, enthousiasmante, un peu usante aussi. C’est en tout cas une expérience indépassable », s’enflamment nos deux néo-New-Yorkais.




Combien sont-ils, ces Français qui comme eux ont choisi de prendre le large ? Les statistiques officielles sont à manier avec précaution, mais selon les estimations consulaires ils étaient 2,2 millions en 2004, soit 62 000 de plus que l’année précédente. L’équivalent d’une ville comme Issy-les-Moulineaux (92) qui a fait son baluchon ! Difficile de tirer des conclusions définitives sur ces flux, car ils mêlent indistinctement tous types de population: l’étudiant qui passe sa licence d’histoire en Allemagne ; le chanteur à succès qui planque son magot en Suisse ; le boulanger qui ouvre une échoppe à Montréal ; le financier qui plonge dans le grand bain de la City ; ou la jeune infirmière qui consacre un an à soulager les plaies dans les favelas… Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’entre 1995 et 2004 la population expatriée a crû de 34%. Un sacré bond comparé à la décennie précédente, où cette croissance ne dépassait pas les 20%.Pas de quoi, cependant, crier à l’hémorragie. « Historiquement, les Français s’expatrient peu, contrairement aux Allemands, aux Italiens ou aux Britanniques, rappelle Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des flux migratoires au CNRS (Ceri). Cela tient au fait qu’au xixe siècle, siècle très migratoire, la France était plus riche que ses voisins. Et puis nous sommes un pays où l’on estime ne pas vivre trop mal et qui traditionnellement n’est pas très ouvert à l’apprentissage des langues étrangères. » Autre cliché à balayer: les Français n’ont pas attendu l’existence des Airbus pour aller respirer l’air ailleurs. La politologue Suzanne Berger rappelle dans son livre « Notre première mondialisation » (Seuil) comment, avant la Première Guerre mondiale, les entrepreneurs européens, dont bien des Français, se précipitaient pour créer des entreprises en Russie – la Chine d’alors: « La Russie faisait rêver parce qu’en 1900 c’était un pays de 133 millions d’habitants […] avec une industrie peu développée. » Seule certitude: la construction européenne et la mondialisation ont, ces trente dernières années, fait exploser les frontières et, en premier lieu, les frontières mentales. Aujourd’hui, grâce au programme Erasmus, plus de 20 000 étudiants jouent les Romain Duris dans « l’Au-berge espagnole » – film générationnel s’il en est – en passant un an dans une université européenne. Il n’est plus d’école de commerce ou d’ingénieurs qui ne recommande – et parfois ne contraigne – ses troupes à aller voir du pays. Idem pour les apprentis chercheurs (lire notre encadré). « Ce n’est plus seulement la crème des étudiants qui part, mais des jeunes de tous les milieux, de tous les niveaux, analyse Hélène Charvériat, déléguée générale de l’Union des Français de l’Etranger (UFE), une association d’aide et d’information aux expatriés. Cela me semble révélateur d’une ouverture au monde, d’une envie de s’autonomiser tout à fait positive et qui s’est démocratisée depuis une dizaine d’années seulement. »Va pour l’ouverture au monde. Mais il est évident qu’on va aussi chercher ailleurs ce qu’on a du mal à dénicher sur place. Il n’est qu’à constater la situation cataclysmique des moins de 30 ans sur le marché de l’emploi pour comprendre que peu de chose les retient en France. Car d’un bout à l’autre du spectre, qu’ils soient sortis du système scolaire sans qualification ou qu’ils se destinent à des postes d’« intellos précaires », les jeunes pâtissent, à des degrés divers, de toutes les faiblesses du « modèle » français. Le chômage, bien sûr, comme le rappelle une récente étude de la Direction de l’Animation de la Recherche des Etudes et Statistiques (Dares) (1): « Durant la période 1975-2002, le taux d’emploi des 15-29 ans en France a chuté de 14 points, passant de 55 à 41%. » Mais pas seulement, indique l’étude, qui recense toutes les misères endurées par les jeunes: part très importante des emplois de courte durée, salaires faibles… Sans oublier cette spécialité hexagonale: la « surréaction au cycle économique ». En clair, quand la conjoncture se dégrade en France, ce sont les jeunes qui trinquent les premiers. Et moins ils sont diplômés, plus leur chute s’avère douloureuse.

Edouard Jeunet, lui, n’a jamais eu l’occasion de dégringoler. Ce Jurassien de 26 ans n’a pourtant qu’un bac en poche, c’est-à-dire zéro qualification pour un employeur français. Mais voilà, il a choisi de traverser la frontière suisse depuis près de trois ans. Aujourd’hui installé à Berne, il a décroché l’équivalent d’un CDI dans un magasin de matériel de montagne: « Mon salaire est d’environ 2 600 euros par mois, ce qui est presque le double de ce que je toucherais en France. Et la vie ici est seulement 30% plus chère que chez nous. C’est donc très avantageux. »

Comme beaucoup de jeunes expatriés, il a trouvé hors de nos frontières ce qui manquait cruellement à son épanouissement. Non pas des conditions de travail mirifiques – nos voisins sont presque toujours plus exigeants en termes de flexibilité que le pays des 35 heures –, mais ce privilège, immense: ne jamais entendre « vous n’avez pas assez d’expérience » ou sa variante « vous n’êtes pas assez diplômé » assenés par nos DRH. Et surtout, démontrer qu’on est capable de bien bosser sans avoir à le prouver par son CV.Cette ouverture est recherchée par nos expatriés, notamment lorsqu’ils s’orientent vers les pays anglo-saxons. « Aux Etats-Unis, on voit d’abord ce qui peut marcher. En France, on n’arrête pas de prendre son élan ! »,confirme Pascal Baudry, résidant en Californie depuis presque vingt ans, auteur de « Français et Américains, l’autre rive » (2). Il dresse d’ailleurs ce constat inquiétant: « De plus en plus de Français veulent s’établir aux Etats-Unis, non pour construire un projet précis, mais pour ne plus rester en France, qui leur apparaît sur la pente du déclin. C’est une véritable fuite. »

Et si la fracture entre les expatriés, notamment les jeunes, et leur pays était plus profonde qu’on ne l’imagine ? Et si elle reposait moins sur une conjoncture morose que sur un irréparable hiatus culturel ? C’est ce qu’avance Olivier Galland, codirecteur de l’ouvrage « les Jeunes Européens et leurs valeurs » (La Découverte). « Il y a un décalage, un divorce même, entre les jeunes et notre société », s’inquiète le sociologue, qui se souvient d’un fameux débat télévisé lors du référendum sur la Constitution européenne: on y mesura l’abîme qui sépare un Jacques Chirac bien dans ses mocassins et des jeunes les pieds dans la gadoue. « Il ne s’agit pas d’un conflit de valeurs comme dans les années 1960, mais d’une sorte d’indifférence mutuelle, explique Olivier Galland. La France et son école mettent en effet sur un piédestal la culture livresque traditionnelle, qui n’est plus celle des jeunes d’aujourd’hui. Villepin est l’incarnation de cette France qui glorifie le passé et ses grands hommes. C’est incompréhensible pour des lycéens. » On comprend dès lors que ces derniers soient attirés par les contrées perçues comme moins « poussiéreuses » et plus en phase avec la civilisation de l’image.

C’est aussi parce qu’à l’étranger on est moins à cheval sur les apparences, les bonnes manières, voire la bonne couleur de peau, que certains décident de filer à l’anglaise. Exemple: Nadir. Ce trentenaire d’origine maghrébine a quitté sur un coup de tête sa cité de L’Ile-Saint-Denis (93) pour passer quelques années en Australie. « En arrivant à Sydney, c’est incroyable, je suis devenu un Français ! Et même mieux que ça: un Blanc ! Plus de problèmes pour trouver un boulot, entrer en boîte de nuit ou trouver un logement. » En s’expatriant, Nadir n’avait qu’un équivalent du bac et un petit « casier », à cause de quelques broutilles de jeunesse. On imagine la galère que lui aurait value un tel pedigree en France. Les Australiens lui ont proposé de… s’occuper d’enfants ! Et le plus beau, c’est qu’il excella dans ce job. Etonnant, non ?

) « L’Emploi des jeunes au cœur des dynamiques du marché du travail », « Economies et Statistiques » n° 378-379.2) Editions Village Mondial, 2004. Consultable sur http://www.pbaudry.com/Arnaud Gonzague

samedi 10 septembre 2005

Herbes folles normandes

Souvenirs éparses d'un trop longtemps différé voyage sur les terres de mon enfance, ma belle, venteuse, humide et verte Normandie. De son Calvados cotier en énummérant Villers-sur-Mer, Deauville, Tourgéville, Blondville, Trouville, Criqueville ou Cabourg la majestueuse à l'Eure et ses Honfleur, Conteville ou Rouen...

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Quand un soudian désir de conceptualité frappe mon cerveau, la fascination pour le détail quotidien.
Quoi de plus vert que la Normandie au fond ?

Un week-end empli de grâce... Mon père, pour une fois the ever perfect gentleman, nous invitant à petit-dejeuner et lire les journaux sur la plage de Deauville et sa permission d'arpenter les planches...
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La Capitainerie du port de Honfleur
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Passage de la Capitainerie

Cette redécouverte de Honfleur, sa capitainerie, paysage des mariages, ses passants ivres qui squattent les photos, sa lumière sur le port et ses bateaux tranquilles dérangés par l'impatience des mouettes.

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Port de tranquilité et havre de paix sur nappe d'eau crémeuse
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Soleil couchant en noir et blanc...
...ou en couleurs
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Térritoire de Conteville au travers d'une fantaisie en filtre bleu
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Le petit chemin pierreux le long de Conteville, une réinterprétation de the long and winding road, de nuit ou de jour s'enfoncer dans la déscente, dans ses buissons surchargés de mûres et aux branches roncières piquantes, trébucher sur les sillons durs et effrités du champs,

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Champ toute lumière ou presque éteinte

retrouver les blés sauvages et la plaines vertes des pommiers le long de la Seine qui serpente surplombée de l'invisible et filandreux pont de Tancarville aux arches arachnéeenes puis le

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Tentative desespérée pour immortaliser les lumières du pont (la conspiration du flash capricieux a gagné! mais si, si vous voyez les petits points rouges...)

chemin de gravier qui mène au terrain militaire, protégé de ses barbelés et feraille rouillée, sanctuaire abandonné que nos pieds n'ont osé franchir.

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Série en noir et blanc en sépia sur le blé dont mon flash appréciait la photogénie... Lorsque le flou donne brièvement l'illusion du mouvement.

Et Pauline, Pauline...

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A blurred moon
Bonne nuit les petits....

vendredi 9 septembre 2005

Déjà

"Under the surface trying to break through
Deciphering the codes in you
I need a compass, draw me a map
I'm on the top, I can't get back
The first line on the first page
To the end of the last page
From the start in your own way"
"Square One" ~ Coldplay (X&Y)
Il y a comme un air de rentrée, certains ont pris le train, d'autres ont retrouvé le chemin du labeur (en faisant le pion, une bonne antichambre avant de devenir une redoutable prof d'anglais!), Sarah s'est envolée au pays de l'oncle Sam, Fabienne est repartie hantée les TGV de la SNCF (ah Miniature reviens, chez du Jane Austen et des Buitoni à la maison!), la guerilla entre Sarko et Villepin a repris, les syndicats appellent à la grève, le problème de stage, problème de logement belge, M. Jamet a repris ses quartiers d'hiver parisien, Mme Saintville ses FIAT's trip, et je reçois plus de mails signés Sandrine et Jean-Claude Lescure (Winnie) sur ma boîte à lettres sciences-po que sur ma mailbox personnelle... Je crois que ce dernier signe ne trompe pas : adieu l'été, ces cinés, ces nuits chaudes la fenêtre ouverte au son du karaoké du bateau phare, jupons, insousciance sur les mois à venir, temps de se remettre au boulot, aux introspections et stresser.
La trève estival est finie même si le bouquet final fut bien doux: Sophie attend un heureux événement ^__^(Could I say, I was not at all surprised? ^^)

mercredi 7 septembre 2005

Go on, leave me breathless

Un WE presque sans net et qu'apprends-je ? miss Sharon Corrs serait enceinte... Certes, il n'y aura pas de tournée mais ils négocieraient un nouveau contrat avec leur maison de disque...
(une entrée anti-datée mais j'aurais aimé faire quelques bafouilles au cours de ces deux derniers jours mais être chez mon papa n'inspire pas mes doigts de mettre en danger le comfort de mon dos ^^;;;)

dimanche 4 septembre 2005

Beim Friseur

A défaut d'être passé du coté obscur de la force, opération irréalisable tant que je partagerai le même toi que ma môôôôman ^^;;;, un autre chemin radical s'offrait aux ciseaux agiles de Vincent :p (trop de dégradé tue le dégradé et trois ans à avoir la même tête a soudainement offert la réserve d'intrépidité qui manquait jusque là). C'est 15 ans d'une politique de poussage et d'allongement qui prend fin ^^;;; et au fond, why not, au moins désormais j'ai une bonne excuse pour ne plus me peigner le matin ^__<
Et j'espère que M. Jamet sera satisfait de voir qu'au bout de dix ans, je suis enfin ses suggestions, j'suis peut-être une fille obéissante malgré tout :p
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vendredi 2 septembre 2005

Internet à la une

Enfer et damnation, le Monde persévère à me voler mon fond de commerce et à piocher dans le tiroir des "papiers internet"!
Plus sérieusement, je trouve passionnant la prise de conscience radicale et accélérée par les medias traditionnelles des nouvelles tendances du net qui pendant longtemps n'a été que le synonyme de mp3 et des pirates de la musique. Ils voient enfin Internet comme un moyen indépendant d'expression et d'information, a "counter public-sphere". Cela fait étrange de voir des sites que vous visitez depuis des années à la une des journaux mais en même on se sent jubiler d'avoir été les précurseurs! ou simplement heureux de s'abreuver à une source supplémentaire (ces petits chocs furent les blogs Villepin et les blogs ainsi que le réseau web qui s'est mis en place dans le sillage effrayant de Katrina entre quotidiens aux presses inondées qui publient sur le net aux blogs et fora témoins de la furie des éléments et des hommes).

Enquête

Wikipedia, une encyclopédie libertaire sur le Net

LE MONDE 02.09.05 12h30 • Mis à jour le 02.09.05 13h25

ancée aux Etats-Unis en janvier 2001 par l'Américain Jimmy Wales, l'encyclopédie en ligne Wikipedia reçoit aujourd'hui 80 millions de visites chaque jour.

Son nom vient de la combinaison d'encyclopédie et de "wiki", un logiciel qui permet d'éditer une page Web facilement. Wiki vient aussi du hawaïen wiki wiki qui signifie "rapide", "informel". Le créateur de ce site, Jimmy Wales, 39 ans, né dans l'Alabama, a commencé dans la finance avant de créer une société dans le domaine d'Internet.

Ce projet d'encyclopédie en ligne est atypique, proche de l'utopie libertaire. Car elle est entièrement rédigée par des bénévoles ­ - n'importe qui peut l'enrichir et la faire évoluer. Elle est également publiée par une société à but non lucratif. L'état d'esprit de ce village global de la connaissance a été voulu démocratique, communautaire, coopératif par Jimmy Wales.

TOUTES LES LANGUES

Wikipedia compte à ce jour plus d'un million d'articles. Sa fréquentation la place dans les cinquante premiers sites du monde, selon le classement du site Alexa. Elle est publiée dans 62 langues, les plus importantes étant, dans l'ordre, l'anglais (694 000 articles), l'allemand (280 000) et le français (156 206). On trouve aussi une encyclopédie Wikipedia en breton, en catalan, en basque, en corse, en alsacien, en occitan...

L'ambition est d'offrir une encyclopédie écrite dans chacune des langues parlées sur la planète, de l'hindi au bambara en passant par le swahili. Dans la partie francophone, il se crée au moins 500 entrées par jour. "On est en très forte augmentation sur les derniers mois, tant sur le nombre d'articles que sur leur longueur et leur qualité", souligne Nicolas Weeger, alias Ryo, un des administrateurs des pages en français et par ailleurs président de l'association Wikimédia France.

La qualité irrégulière des articles est la principale critique formulée à l'encontre des rédacteurs bénévoles qui, pour certains, cherchent à améliorer des contributions déjà en ligne et à en publier de nouvelles.

En effet, si certaines pages sont réalisées avec soin (voir par exemple de nombreuses pages scientifiques, au contenu riche et bien vulgarisé), d'autres ne sont qu'ébauchées. On peut aussi se demander pour un grand nombre d'entrées si elles ont leur place dans une encyclopédie (la recette des aubergines farcies végétariennes).

L'absence de contrôle éditorial est une source d'erreurs, voire de plaisanteries. En quelques clics, n'importe quel internaute peut ajouter dans la biographie d'Elvis Presley que le chanteur est toujours vivant (sur la face cachée de la lune ou ailleurs !). Ou dans un autre article que la France est frontalière de la Chine.

Il faut aussi compter avec le vandalisme. Certains internautes s'amusent, par exemple, à effacer des textes. D'autres créent une fiche pour dire "bonjour, c'est moi". Ou se faire de la publicité.

Pour les défenseurs de Wikipedia, la contribution libre ne doit pas être stigmatisée mais appréciée aussi comme une garantie : "Si vous voyez une erreur, ne vous plaignez pas et corrigez-la !" est un slogan.

Les problèmes de droits d'auteur se posent aussi régulièrement. "Quand on découvre un nouvel article d'un rédacteur inconnu, bien écrit et bien mis en forme, on recherche immédiatement sur le Net s'il n'existe pas déjà", explique Nicolas Weeger.

Mercredi 24 août, à 20 h 27, un supposé fan du groupe californien The Offspring a mis en ligne les paroles d'une de leurs chansons. A 20 h 28, Ryo a effacé la page, car une telle reproduction intégrale nécessite une autorisation.

Même souci avec les images : "Nous nous attendons à être poursuivis pour utilisation d'images qui appartiennent a priori au domaine public mais dont quelqu'un pourrait revendiquer la propriété", confie Florence Devouard, vice-présidente de la fondation Wikimédia, qui chapeaute l'encyclopédie et d'autres projets (dictionnaire, livres pédagogiques, banque d'images libres de droits...). Mme Devouard ajoute : "Jusqu'à présent les conflits ont été réglés à l'amiable, mais le copyright navigue dans un tel brouillard qu'on sait le procès inévitable."

Wikipedia est certes ouverte à tous, mais les règles de fonctionnement (écrites collectivement) existent, que chacun peut et doit faire respecter. Supprimer une page relève des prérogatives accordées aux seuls "sysop" (de system operator, approximativement traduit par "administrateur"). Ils sont une soixantaine pour la partie francophone. Elus sur candidature spontanée par les utilisateurs enregistrés, ils ne prennent jamais de décision sans discussion, sauf évidence.

Les discussions, ouvertes pour chaque article, sont souvent aussi intéressantes que l'article lui-même. C'est là que sont débattues les questions autour de l'intérêt des sujets et, surtout, de la neutralité encyclopédique du texte.

Chacun apporte son point de vue, en général de manière plus argumentée que sur la plupart des forums Internet. Sans toujours aboutir à un résultat rapide : la neutralité d'une liste des condamnations en justice de responsables du Front national a été discutée récemment pendant plus d'un mois.

Wikipedia se démarque enfin des autres encyclopédies (électronique ou papier) en donnant une grande place à la bande dessinée, aux séries télévisées et aux jeux vidéo, comme reflet des goûts et de l'esprit des jeunes ­ - ils sont majoritaires à fréquenter Wikipedia. Sur le site francophone, on trouve, à côté des pages sur l'optique impulsionnelle ou l'histoire de l'Inde, de nombreux textes sur Harry Potter, 178 articles sur les mangas ou une récente entrée sur le phénomène Hello Kitty.

IMPLIQUER SA COMMUNAUTÉ

Le dynamisme de Wikipedia tient à l'implication de la communauté de ses contributeurs, qui ne cesse de grandir. Sans les Wikipédiens, le site ne survivrait pas, notamment financièrement.
Le budget de la fondation Wikimédia est révisé chaque trimestre pour répondre aux besoins croissants en terme de serveurs (ordinateurs abritant les pages et gérant les connexions). Les dépenses en personnel restent limitées puisqu'une seule personne (bientôt deux) est employée à plein temps.

Les recettes proviennent des dons des particuliers ou du sponsoring (Yahoo! a récemment offert des serveurs). Aucune publicité n'a sa place sur le site. Un appel aux dons a été lancé vendredi 19 août, avec un objectif de 200 000 dollars (160 000 euros). 152 000 dollars (122 000 euros) ont déjà été réunis.

Benjamin Roure et Claudine Mulard (à Los Angeles)


"Il faut leur apprendre à vérifier"Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université Paris-IV, Martine Duhamel a mis en place Cerise, un site Internet de méthodologie de recherche d'informations. Elle met en garde ceux qui utilisent Wikipedia sans esprit critique. "Wikipedia est une expérience fascinante, admet-elle. Mais les étudiants qui la consultent prennent l'information pour argent comptant. Il faut leur apprendre à vérifier. Le risque vient de la capacité d'agir sur les pages, de l'anonymat des rédacteurs et du manque de sources citées." En cela, Wikipedia ne fait pas exception sur le Net. Cependant, son statut d'encyclopédie devrait garantir la fiabilité du contenu. "Ils sont dans l'éphémère, poursuit Mme Duhamel. Dès qu'ils ont un bout d'information, ils le mettent en ligne pour qu'il soit complété plus tard." Une page d'avertissement existe sur le site de Wikipedia. On y lit que "personne ne garantit la validité, ni l'exactitude, ni l'exhaustivité, ni la pertinence des informations", et il est recommandé d'exercer son esprit critique. Ce qui reste souvent un voeu pieux.Cerise : www.ccr.jussieu.fr/urfist/cerise/

Article paru dans l'édition du 03.09.05